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Photographe des temps modernes : entre mythe et réalité

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Billet rédigé par Pierre-Edouard Barrault (ENS Lyon) et Karl Mongrain (EBSI, QC)

Avec l’avènement du numérique, le métier de photographe doit s’adapter à des changements majeurs. Le professionnel doit acquérir toujours plus de compétences pour ne serait-ce qu’espérer survivre dans un marché très concurrentiel. Avec la surabondance de photos maintenant disponibles sur le web, et leur incroyable vitesse de transmission, il est à se demander si le métier de photographe n’est pas proche de la disparition, puisque M. & Mme Tout-le-Monde peuvent désormais prendre des photos à partir de leur compact numérique, avec une réussite pas systématique …

Pas facile donc d’envisager une carrière de photographe professionnel au 21e siècle. Mais qu’en est-il réellement? Le métier de photographe est-il destiné à disparaître? Pour commencer notre réflexion, nous vous invitons d’abord à consulter le site web du département de photographie du cégep du vieux Montréal, qui dresse une liste non exhaustive des compétences nécessaires pour devenir photographe professionnel.

Il incombe néanmoins de se demander si ces qualités sont suffisantes pour permettre à un professionnel de se démarquer au sein de ce magma pictural protéiforme qu’est devenu le web. Jetons maintenant un coup d’œil sur les compétences dites plus « techniques » du métier. Comment peut donc se démarquer un photographe professionnel de nos jours? Se cantonne-t-il exclusivement au numérique? Pour tenter d’aiguiser notre réflexion sur le sujet, voici un tableau comparatif du photographe Ken Rockwell, qui compare la technologie numérique avec le procédé traditionnel qu’est l’argentique. Empreint d’une ironie certaine mais pétris de conclusions tirées d’une longue pratique personnelle, ce comparatif risque de paraître questionnable pour certains … et pourtant il a le mérite de présenter une réalité souvent ignorée des amateurs : le numérique n’est pas encore aussi performant que notre bonne vieille pellicule.

Alors, si l’on en revient aux bonnes vieilles références … Henri Cartier-Bresson a ainsi dit que “photographier, c’est une attitude, une façon d’être, une manière de vivre”. Outre cette démarche personnelle et artistique, quelle est cependant la réalité factuelle de ces professionnels de l’image ?

Les photographes, une hiérarchie de castes

Avant de condamner définitivement le métier à cause de l’engouement massif des pratiques amateures, il est nécessaire d’expliciter ses réalités afin de mieux les appréhender. Il n’existe en effet pas un seul type de photographe, mais disons deux grandes “castes”, relativement opposées.

D’une part, le photographe “de commandes”, sorte de référent – majoritairement local – se spécialisant dans des prestations classiques telles la photographie de mariage ou d’enfants, les commandes institutionnelles ou scolaires, les prestations de service (tirages, photos d’identités, numérisations d’archives photographiques argentiques) ou encore les prises de vues aériennes. La concurrence des services en ligne oblige également ces professionnels à avoir une stratégie de plus en plus commerciale et s’appuyant sur les tendances du marché.

L’hébergement de galeries en ligne est ainsi devenu un quasi-standard. Mais c’est surtout la mode de l’album photo qui est actuellement un vecteur de valeur ajoutée car elle vogue sur la tendance actuelle de la personnalisation : on peut voir l’exemple de Nike, qui propose de “tuner” sa nouvelle paire. Mais cette envie de storytelling, qui renoue avec les albums photos de nos parents et grands-parents, n’est-elle pas le moteur de cette résurgence de l’album?

L’autre caste de la profession correspond aux photographes indépendants. A la fois fantasmée (le photoreporter de guerre) ou décriée (le paparazzi), l’activité de ces professionnels condense tous les paradoxes de la profession (comme la disparité des salaires) et stimule les aspirations des talents de demain.

Travaillant souvent de manière freelance ou regroupés en agence, ces professionnels sont très malmenés. En effet les grands magazines de presse – leurs principaux clients – peinent à assurer leur financement à cause du basculement du marché publicitaire vers la Toile. Ils ont ainsi majoritairement tendances à se diriger vers des banques photographiques en ligne pour illustrer leurs articles (cette tendance se retrouve dans beaucoup de secteurs, comme l’administration et la communication institutionnelle). L’engouement pour ces plateformes (Fotolia, Getty) et leurs tarifs très attractifs alimentent une spirale de dévalorisation du contenu, autant dans la rémunération des photographes contributeurs que dans la qualité des images déposées … On notera que le même phénomène s’applique également à la vidéo, ce qui pousse certains artistes à dénoncer cette dynamique de standardisation des contenus, poussée par l’utopie de correspondre à un public mondialisé.

Le photojournalisme, à la manière du journalisme, reste ainsi vulnérable à la montée en puissance de ces nouveaux concepts de diffusion de l’image, dont certains exemples collaboratifs semblent rencontrer un écho largement positif.

Focalisons-nous cependant sur la photographie “généraliste”, et tâchons de garder un regard positif sur ce que peuvent apporter les technologies numériques à la création photographique.

Retour sur les opportunités du numérique

Le numérique a en effet apporté de nombreuses améliorations techniques.  Il y a d’abord tout ce qui a trait à la prise de vue. Pouvoir ainsi régler la sensibilité ISO sans avoir à changer la pellicule est sans conteste une avancée ergonomique majeure. Également, la visualisation immédiate du cliché désormais possible. Beaucoup d’options donc, auxquelles tout un chacun a accès, à partir d’appareils numériques parmi les plus basiques … mais encore faut-il avoir l’envie de – et les connaissances pour – régler son appareil sur autre chose que le mode Automatique.

Le Web a lui aussi contribué à ces avancées en permettant d’envoyer presque instantanément nos photos à l’autre bout du monde en quelques secondes. De plus, une fois numérisées, même des photos prises sur pellicule peuvent être retouchées numériquement. C’est ainsi toute la chaîne de production d’une image qui s’en trouveoptimisée, grâce à des logiciels de plus en plus performants tels Adobe Photoshop ou Lightroom, pouvant s’appuyer sur des solutions de stockage et de publication via le Cloud.

Ces nouvelles technologies ont permis de pousser plus loin des techniques déjà existantes, telles que le photomontage et le recours à des formes hautement abouties de retouches. Le terme “photoshoppé” est quasiment entré dans le dictionnaire, et cela a totalement bouleversé nos critères de beauté.  Désormais, le moindre détail peut être retouché ou transformé sans laisser la moindre trace. « La frontière entre le réel et le fantastique, entre le vrai et le faux, disparaît au profit d’une nouvelle réalité fictive, ou d’une simulation de réalité », pour reprendre les termes d’Anne-Marie Duguet dans son article L’incidence de la technologie dans l’art contemporain.  Vous pouvez consulter l’intégralité de cet article ici, afin d’éventuellement approfondir votre réflexion sur le sujet.

Un des grands apports artistiques au niveau du numérique pourrait aussi être la technique dite du « Timelapse », consistant à prendre une grande série de photos – plus ou moins espacées dans le temps – qui, misent bout à bout, forment une vidéo (comme disait Jean-Luc Godard, “la photographie, c’est la vérité et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde”). Voici un magnifique exemple de ce procédé réalisé par le photographe et vidéaste Jeff Frost (1).

Flawed Symmetry of Prediction from Jeff Frost on Vimeo.

Il est donc possible de renouveler la création photographique grâce au numérique. Mais qu’en est-il du modèle économique conditionnant ce secteur?

La photographie et le reste du monde des médias : un même combat

Ce glissement inexorable vers le tout numérique ne peut que rappeler l’exemple de l’industrie de la musique qui a elle aussi subi une mutation à marche forcée ces dernières années. Heureusement des acteurs désintéressés, comme Apple ou Amazon, ont permis à cette industrie de trouver un modèle économique particulièrement équitable, tant pour les producteurs que que les éditeurs …

Retour à la réalité : l’économie numérique est encore mal régulée, mais certains projets tentent de proposer d’autres modèles afin de mieux rémunérer les ayants droits. Différentes stratégies se mettent ainsi en place.

D’un côté, certains acteurs tablent sur la qualité de tribune mondiale du Web : les artistes peuvent y avoir l’opportunité de se faire connaître, pour ensuite s’insérer dans le système classique (en l’occurrence les industries du cinéma et de la musique représentées principalement par Hollywood et les Majors). Tout l’enjeu est alors de trouver LE nouvel artiste qui attirera à lui les foules numériques, et de le signer avant ses concurrents.

Un autre prisme d’analyse pourrait être celui du crowdsourcing, qui permet à des auteurs de réaliser leurs projets de manière indépendante et d’ainsi acquérir plus de reconnaissance professionnelle et artistique. Dans le cadre du photojournalisme, c’est la plateforme Emphas.is qui concentre le plus d’initiatives.

Mais l’économie numérique des médias ne peut être appréhendée sans revenir sur la dynamique du “stock”, ces plateformes qui regroupent des milliers (voire millions) de contributeurs ces derniers étant rémunérés plus ou moins équitablement).

L’écosystème Envato, qui regroupe des développeurs, des graphistes, des designers, en est un bon exemple. Reste à connaître la proportion de professionnels réussissant à vivre pleinement de ce modèle.

Dans le cadre de la photographie, ce système est décrié car il induit une dynamique dévalorisante. Mais certains projets tentent de redresser le cap en proposant de meilleurs contrats pour leurs contributeurs (tarifs de vente plus élevés ou part du prix de vente leur revenant plus grande).

Conclusion

Être photographe n’est certes pas une sinécure, mais le métier n’est pas au bord de la désintégration.

Outre la recrudescence du marché de l’art pour le médium photo – qui bat des records ces derniers temps – il existe des initiatives cherchant à rendre au photoreportage ses lettres de noblesse. Ainsi du magazine semestriel XXI, qui propose des reportages photographiques sur des sujets nécessitant un longue préparation, plusieurs mois (voire années) d’immersion … car quoiqu’il arrive, la qualité nécessite un minimum de moyen.

(1) Avec l’aimable autorisation de Jeff Frost pour utiliser son oeuvre “Flawed Symmetry of Prediction” dans cet article.


Comment l’Internet a redistribué les cartes de l’industrie musicale…

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Billet rédigé par Maud Serrière (ENSSIB) et Emmanuelle Ouine (ENS de Lyon)

Le déclin de l’industrie musicale ? « La faute au téléchargement illégal, bien sûr », « Internet, voilà la raison », etc.

Qui n’a pas eu l’occasion d’entendre et peut-être même de prononcer ce type de phrase lors d’un débat autour de cette question ? Majors, artistes, internautes, chacun y est allé de son point de vue, de sa certitude, portant aux nues ou au contraire fustigeant feu la loi Hadopi, symbole du clivage industrie musicale/internautes. Cette dernière, rappelons-le rapidement, était censée, pénaliser le téléchargement peer-to-peer lorsque celui-ci ne respectait pas les droits d’auteurs des œuvres téléchargées.

Maintenant que cette loi est définitivement enterrée, avant même d’avoir véritablement existé, il est temps de faire le point.

Première chose : Qu’entend-on par “industrie musicale” ? Très souvent, on considère que cette industrie se limite à la vente de disques. Un tour d’horizon permet de se rendre compte qu’au sein même de cette industrie, existent des activités aussi diverses que la production de l’oeuvre musicale, du live et des droits dérivés. Souvent, également, on a tendance à assimiler industrie musicale et majors. Alors même si elles sont aujourd’hui incontournables, il ne faut pas oublier qu’à côté de ces grosses machines, existent  des maisons de disques et des artistes indépendants.

Deuxième chose : Non, le téléchargement illégal n’a pas tué l’industrie musicale mais, oui, Internet a modifié les modes de consommation de la musique, allant jusqu’à créer de nouveaux schémas économiques et artistiques.

Enfin que l’on se rassure, les majors ne se portent pas si mal.

L’industrie musicale n’est pas morte

Quelques chiffres et études vont nous permettre d’y voir un peu plus clair. Une étude de la Commission Européenne a fait une modélisation économétrique de la consommation de musique sur Internet pour définir les liens entre le téléchargement illégal, la consommation en streaming légal et les achats légaux en ligne. Contre toute attente, la conclusion de cette étude montre que la majorité de la musique téléchargée en peer to peer par les internautes n’aurait pas forcément fait l’objet d’un achat légal. Chaque téléchargement illégal n’est donc pas forcément un invendu perdu pour l’artiste. Celui-ci aurait même pour effet de stimuler le marché de ventes d’albums. En Norvège, le téléchargement illégal s’effondre au profit d’autres modes de consommation, légale, de la musique avec les abonnements et le streaming (Spotify, Rdio..). Le spectre du téléchargement illégal s’éloigne, l’industrie musicale peut reprendre son souffle.

Si l’on se base sur les chiffres 2013 de vente de la musique, on constate que le marché mondial s’avère être en augmentation depuis 1998. Là aussi, c’est étonnant, car c’est finalement le contraire du discours ambiant. Effectivement, la baisse est forte pour le marché des ventes d’albums physiques, et c’est certainement sur ces chiffres que se base la majorité des communications faisant état d’une situation alarmante. On constate cependant que des hausses sur d’autres sources de revenus font écho à cette baisse : l’explosion des ventes numériques (de 0,4 milliards de dollars en 2004 à 5,8 milliards de dollars en 2012) et des concerts sont plus que significatives (voir schéma ci dessous).

Le mode de consommation évolue et le marché s’est adapté, compensant une partie des pertes du marché physique par le développement d’autres revenus, notamment numériques.

C’est la fin d’une certaine industrie musicale

Ce qui a été à la base du bouleversement de ce domaine, c’est la dématérialisation de la musique et son utilisation en tant que fichier. Le MP3 a complètement changé le comportement des consommateurs. Désormais, on picore des morceaux, on a une écoute plus superficielle sans voir forcément l’intérêt de l’objet «album» physique. Bien sûr, il y a toujours les puristes, pour qui l’écoute de la première à la dernière chanson d’un album reste quelque chose de sacré et qui considère qu’une pochette d’un album est assimilable à une œuvre d’art. Ceux-ci se font toutefois de plus en plus rares, et l’auditeur est aujourd’hui, avant tout considéré comme un consommateur de tracks.

A côté du téléchargement, le streaming est également en pleine explosion. Une récente étude a montré que 78 % des internautes français se rendaient régulièrement sur les sites de streaming pour écouter de la musique. Cet engouement peut s’expliquer en grande partie par la gratuité mais aussi par la facilité. On tape le nom d’un artiste, d’une chanson et dans la seconde qui suit, on accède à la diffusion du morceau recherché. Cette nouvelle façon d’écouter la musique a elle aussi permis de redistribuer les cartes de cette industrie. Les sites tels que Deezer ou Spotify sont désormais des  acteurs incontournables, attirant chaque jour d’avantage d’abonnés (en mars 2013, Spotify en  comptait 6 millions). Cependant certains artistes, tels que Thom Yorke, chanteur du groupe Radiohead, n’hésite pas à critiquer ce type de plateforme, estimant que seule la musique “mainstream” est diffusée et surtout que les artistes ne sont pas assez rémunérés.

Et les majors dans tout ça ?

Nous l’avons vu plus haut, les majors ne semblent pas souffrir tant que ça de l’explosion du numérique. Celles-ci occupent encore plus de 71% du marché des ventes de production musicale. Après une certaine résistance, les mauvaises langues diront un certain entêtement, elles ont fini par prendre consience qu’Internet n’était pas le mal absolu. La riposte au téléchargement illégal s’est faite sur le terrain de l’offre légale : partenariat avec les  plateformes de distribution numérique (Apple et Itunes), de streaming (Spotify, Deezer) mais également avec les plateformes de vidéo (Youtube et Dailymotion représentant aujourd’hui une part non négligeable du marché de la distribution digitale).

Problème, on assiste de nouveau à une hégémonie des grandes maisons de disques et des principaux distributeurs. Le marché est dominé aujourd’hui par Itunes pour le téléchargement et Deezer pour le streaming, leur offre étant alimentée par les catalogues des plus grandes maisons de disques. On assiste donc à un déséquilibre sur le marché, contraignant des plus petits diffuseurs à fermer boutique, comme ce fût le cas pour Jiwa en 2010. En cause, notamment, les difficultés de négociation des droits de diffusion avec la Warner.

L’émergence de nouveaux schémas pour les indépendants

Non seulement le numérique n’a pas tué les majors, mais il a été une excellente opportunité pour l’avènement des groupes indépendants. Grâce au numérique et à internet, il peut y avoir beaucoup moins d’intermédiaires entre les artistes, les acteurs du marché de la musique et le public. Toutes les étapes du cycle de vie d’un album sont impactées par ces évolutions et les indépendants ont saisi cette opportunité pour se développer.

L’essor des outils numériques et des homes studios permet de créer un album à bien moindre coût qu’il y a 10 ans, offrant la possibilité à un grand nombre d’artistes indépendants de créer un album.

Encore faut-il réussir à attirer l’attention, se faire connaître et sortir du lot. En effet, l’arrivée de toutes ces créations sature le marché, c’est le revers de la médaille. Faute de disposer des moyens financiers des majors pour leur plan de communication, les groupes utilisent tous les atouts d’internet pour atteindre leur public. On assiste notamment au développement de stratégies de community management pour fédérer le public autour de l’artiste. Ces méthodes existaient déjà avant internet par le biais des fans clubs par exemple. Cependant le web permet une grande proximité par la diffusion de l’information presque directement aux fans, et ce, dans le monde entier. Une proximité Twitter et Facebook couplée à la mise à disposition de contenus digitaux (vidéos Youtube, photos, TweetMySong..) peut s’avérer très intéressante pour une communication numérique virale, et intègre ainsi une dimension d’expérience utilisateur multi canale.

Le financement par souscription était déjà existant auprès des fans, mais avec l’ère internet, le crowdfunding a pris une toute autre ampleur. Le phénomène est tel que la ministre Fleur Pellerin (ministre déléguée auprès du ministre du Redressement productif) vient de présenter une réforme censé aider le développement des plateformes de financement participatif tout en protégeant d’avantage les investisseurs. Si l’on veut résumer en deux mots le principe du crowdfunding, c’est la possibilité pour un artiste, un groupe, de se faire financer son album, son morceau, par les internautes. Certaines plateformes de financement participatif sont aujourd’hui devenus très populaires, c’est notamment le cas de  My Major Company ou encore de Kiss Kiss Bank Bank.

Conclusion

Pour conclure, on peut dire que le numérique a été une révolution pour l’industrie de la musique. Son développement s’accompagne d’opportunités et de questions, tout comme l’arrivée en son temps de la cassette, ou du CD, qui a soulevé les mêmes inquiétudes sur la fin du marché musical tel qu’on le connaissait. Et s’il ne s’agissait finalement que de savoir s’adapter à des nouvelles possibilités et modes de fonctionnements? Il s’avère que les petites maisons de disques ont été plus réactives que les majors, et que les acteurs indépendants ont su trouver plus d’opportunités dans cette nouvelle configuration.

La musique n’a jamais été aussi active, elle est en pleine révolution.

Youtube concurrence-t-il la télévision ?

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Billet rédigé par Mathilde Combet (ENSSIB-EBSI)

Au printemps 2013, Youtube atteint le milliard de visiteurs uniques par mois. Créé en 2005 et racheté par Google en 2006 c’est aujourd’hui la plate-forme de vidéos la plus populaire du web. L’analyse des raisons de ce succès amène à questionner son impact sur la télévision. En effet, dans un paysage audiovisuel à redéfinir, thème des assises de l’audiovisuel tenues en juin denier, les effets du numérique représentent des enjeux incontournables. Pour aborder le sujet, je me suis intéressée aux aspects suivants : le contenu, le support, le public et l’économie, afin de déterminer pour chacun s’il y a une concurrence entre Youtube et la télévision.

Si Youtube était un peu la longue traîne de la télévision, le site gagne du terrain en diversifiant son offre. A ses débuts, Youtube proposait essentiellement des vidéos amateurs, des clips et du contenu piraté, puis l’arrivée en 2008 des contenus en haute définition en donne de l’ampleur au site. Celle-ci s’intensifie en 2011 avec le lancement de chaînes thématiques officielles gratuites, la France en compte 13, pour lesquelles le bilan reste mitigé. Le site se tourne désormais vers les chaînes payantes suivant le système pay-per-view, dont le contenu serait des programmes exclusifs produits par des professionnels. Le développement des « Youtube spaces », qui vise à produire du contenu de type professionnel, rentrerait plus directement en concurrence avec la télévision.

Pour l’instant, la télévision prime comme media de divertissement et les chiffres sur le temps d’attention et l’audience moyenne lui assure sa place : en moyenne un Français passe vingt minutes par jour sur Youtube contre 4h devant son écran de télévision et le nombre de vues moyen des vidéos présentes sur Youtube est de 100 000 contre 5 millions de téléspectateurs pour la télévision.

La télévision n’est plus l’écran central du foyer, ou du moins plus le seul. L’essor de différents terminaux s’accompagne d’un changement de comportement. L’attention passe rapidement non seulement d’un contenu à un autre (exemples : zapping, onglets multiples, etc.), mais aussi d’un écran à un autre. Ainsi, télévision, tablette, ordinateur et smartphones fonctionnent simultanément : un second écran pour une expérience télévisuelle enrichie. Ces nouveaux outils accompagnent également la mobilité de l’utilisateur, qui peut donc consommer du contenu informationnel en dehors de chez lui. L’accès au contenu sans contraintes horaires rend la grille de programmation un peu obsolète, bouleversant ainsi les habitudes de conception des chaînes télévisuelles. L’approche fragmentée qu’offre le web est un certain atout face à l’unité d’un programme, cependant la stabilité des chaînes (télévisuelles et sur Youtube) s’accompagne de la fidélité des spectateurs, aspect non négligeable qui pose la question du public.

L’importance de Youtube ne concerne pas l’ensemble de la population, mais plutôt les 15-35 ans. La génération C (pour connexion, communauté, créativité, curation) est un public dont l’attention est difficile à capter. Pour s’adapter à ses attentes, la télévision a intégré ses émissions  dans le dispositif des réseaux sociaux et ainsi garanti l’interaction en direct des spectateurs via Facebook en Twitter.

Le nombre de vues sur Youtube donne des indications sur le « goût » du public, puisque ce dernier cible ce qu’il regarde, qui sont à prendre en compte par le secteur audiovisuel. Ainsi, la popularité des Youtubers, ces individus qui se sont fait connaître via Youtube en fait des figures désormais aussi incontournables que les personnalités du petit écran. La visibilité sur Youtube égalant aujourd’hui la crédibilité du passage à la télévision, les Youtubers se retrouvent à décrocher une chronique ou une émission sur une chaîne traditionnelle. Les Youtubers représentent des arguments pour attirer les annonceurs de la télévision, comme cela s’est encore vu à la soirée Youtube Brandcast qui s’est déroulée le 3 octobre. Le public de Youtube représente un marché important et les annonceurs s’y intéressent de près.

Le transfert de l’audience de la télévision à Youtube implique un changement considérable pour les annonceurs : la valeur de leurs publicités n’étant plus basé sur l’horaire et le programme télévisuel pour une audience large, mais davantage sur le spectateur individualisé grâce au ciblage. Le sujet reste délicat à mesurer car sur un écran connecté, l’attention est facilement détournée vers autre chose et il faut tenir compte des logiciels bloquant les publicités.

Les chaînes de télévision ayant mis en place les interactions via Facebook et Twitter, si cela améliore la visibilité de l’émission, il reste à trouver comment les monétiser. Une des tensions principales entre Youtube et la télévision en France réside dans le manque de contraintes réglementaires et fiscales envers la plate-forme de vidéos, au grand dam des patrons des chaînes.

Youtube et la télévision semblent pour l’heure fonctionner de façon assez complémentaire. Aux projets de Youtube fait écho le développement de la TV connectée (avec des publicités ciblées), dans lequel Google (avec sa Google TV ou Android TV) tente toutefois de trouver sa place.

[S6] Les terrains

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JMSalaun

Texte

Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

C’est aujourd’hui que vous devez déposer votre synthèse de la première partie. Cette synthèse pointera aussi les documents et références qui vous ont le plus apporté. N’oubliez pas !

S’il fallait résumer le contenu de cette première partie en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, éconCopie de 3-dimensions-documentomie de l’information et économie du partage. Sa matière première, l’information ou le document, est multidimensionnelle (forme, texte, medium ou vu, lu, su). Et nous sommes pris dans un processus de redocumentarisation du monde [S1]. Cette matière a des particularités fortes qui la différencie de celles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, Baguette et journalsingularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions. Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différentsLes 4 filières vecteurs et outils apparus au cours des siècles (inscription, transmission, enregistrement, calcul), ont induit une histoire sT_Berners-Leeocio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en Amérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applicatAge et générationsKaiser-Familyions mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvre la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en décalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de Future-of-digitall’informatique et des télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et Pentagonecomme un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapport à l’espace, au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Trois synthèses sont en ligne et attendent vos annotations et enrichissements… jusqu’au 16 oct minuit (Montréal) : ici (flo_lafouch), (cjouneau) et en infographie par Chloé M.

La télévision, la musique, la photographie… ébranlées

Nous allons donc maintenant nous rapprocher des terrains. Pour cette semaine trois premiers billets sur l’ébranlement des organisations industrielles ou artisanales de production et diffusion de l’image et du son, rédigés par des étudiants participants au cours, sont soumis à votre appréciation critique. Soyez nombreux à venir les commenter, à enrichir leur propos et à discuter les thèses qu’ils avancent.

Préparation des webinaires

BEpron

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire et un compte-rendu.

Dates

  • 16 octobre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 20 novembre : remise des documents préparatoires et préparation du déroulé des webinaires.
  • 27 novembre, 4 décembre et 11 décembre (12h-14h Montréal, 18h-20h France) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Vous choisirez de vous impliquer plus fortement dans l’un des trois webinaires en remplissant avant le 30 octobre le formulaire adhoc. Ce choix est obligatoire pour les étudiants (ebsi, enssib, ens), facultatif pour les apprenants.

Chaque groupe doit préparer sur un document partagé (voir ci-dessous “présentation des invités”) l’organisation de son webinaire. Le document préparatoire sera considéré comme définitif le 20 novembre. Il devra comprendre :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications : 1 page environ
  • Une analyse de ses deux dernières publications : 1 page par document (les deux documents seront validés par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l’invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de trois porte-parole

Les trois « porte-parole » du groupe interviendront en direct et en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités. Les autres membres du groupe ou les autres étudiants ou apprenants pourront réagir sur le pad dédié ou via Twitter #ecodoc pour suggérer des questions.

Le Webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (1 h en plusieurs blocs thématiques),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire 27 novembre : Mutation des industries culturelles, invité Philippe Chantepie. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire 4 décembre : Exploitation des données, invité Emmanuel Kessous. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire 11 décembre : Quel avenir pour les start-up, table-ronde rassemblant trois start-up québécoises travaillant sur les données ouvertes autour de Martin Lessard. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.

Forum

Le forum de la séquence 6 est ouvert pour toutes vos questions.

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S'il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L'économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l'information et économie du partage qu'il réinvente en modifiant radicalement nombre d'activités  [S1]. Sa matière première, le document et l'information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d'autres secteurs de l'économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d'énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd'hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d'un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l'accès et des pratiques de lectures vers l'audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applicatAge et générationsions mobiles, qui ont d'abord touché les générations les plus jeunes, ouvre la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l'économie de l'attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s'appuyant sur les deux filières lourdes de l'informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L'équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s'orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s'inscrire dans la continuité de l'histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l'une ou l'autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s'insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapport à l'espace, au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l'utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

Dans le courant de la semaine trois billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l'actualité chaude du web. Leur thématique est indiquée ci-dessous et vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires seront ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat. Tout le monde peut y participer, mais quelques étudiants par billet sont sollicités nommément pour y déposer au moins un commentaire (la répartition est indiquée sur le cahier dédié aux questions d'actualité de la S1) :

  • Pourquoi Hachette et Amazon sont-ils en conflit ? par Lénaïk Le Duigou (Enssib) et Jonathan Gosselin (EBSI)
  • Le livre résiste-t-il au numérique ? par Julie Thériault (EBSI) et Pierre Gandonnière (ENSSIB)
  • Netflix menace-t-il les chaînes TV ? par Dorian Seillier (ENS) et Héloïse Geandel (ENSSIB)

Préparation des webinaires

BEpron http://archinfo24.hypotheses.org/files/2013/10/Pitch2014ok.mp3

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l'économie du Web/du document à travers le point de vue et l'analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire et un compte-rendu.

Dates

  • 15 octobre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C'est dès maintenant !
  • 19 novembre : remise des documents préparatoires et préparation du déroulé des webinaires.
  • 26 novembre, 3 décembre et 10 décembre (12h-14h Montréal, 18h-20h France) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Vous choisirez de vous impliquer plus fortement dans l'un des trois webinaires en remplissant avant le 30 octobre le formulaire adhoc. Ce choix est obligatoire pour les étudiants (ebsi, enssib, ens), facultatif pour les apprenants.

Chaque groupe doit préparer sur un document partagé (voir ci-dessous "présentation des invités") l’organisation de son webinaire. Le document préparatoire sera considéré comme définitif le 19 novembre. Il devra comprendre :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications : 1 page environ
  • Une analyse de ses deux dernières publications : 1 page par document (les deux documents seront validés par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l'invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de trois porte-parole

Les trois « porte-parole » du groupe interviendront en direct et en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités. Les autres membres du groupe ou les autres étudiants ou apprenants pourront réagir sur le pad dédié ou via Twitter #ecodoc pour suggérer des questions.

Le Webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (1 h en plusieurs blocs thématiques),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire 26 novembre : Economie des données, invité Stéphane Grumbach. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire 3 décembre : Economie du partage et des communs, invité Valérie Peugeot. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire 10 décembre : L'édition numérique, table-ronde autour des pratiques éditoriales numériques  autour de Michael Sinatra. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.

Le livre résiste-t-il au numérique ?

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Ce billet a été rédigé par Julie Therriault (Ebsi-Montréal) et Pierre Gandonnière (Enssib-Villeurbanne) dans le cadre du cours en ligne Economie du web.

Où en est le livre numérique actuellement?

En France, la montée en charge du livre numérique n'est pas encore aboutie. Il représente seulement entre 1 et 2 % du marché global de l'édition en chiffre d'affaires. Au Québec, le chiffre est de 5 %. Aux États-Unis, la part de marché du  livre numérique est de 20% en CA. Le marché francophone accuse donc un retard par rapport à l'anglosaxon.

Pourtant, du côté des éditeurs, la transition est en cours. Selon une étude de KPMG de 2014, 63 % des maisons d'édition françaises sondées présentent une offre numérique, tendance plus forte chez les gros éditeurs (plus de 50 M€ de CA) dont le taux d'implication est de 100 %, et moins forte chez les petits : 48,5 %. Ce chiffre peut paraître inquiétant, il montre que le livre numérique creuse encore l'écart entre les petits et les gros éditeurs. Si certains secteurs comme la littérature décollent, d'autres comme le tourisme ou le scolaire restent en retrait, alors qu'on pourrait s'attendre au contraire : à ce que le numérique leur ouvre des opportunités nouvelles. Il est vrai que l'offre reste encore peu attractive au regard des possibilités techniques offertes par le numérique. 85 % des éditeurs reconnaissent n'utiliser que très peu ou pas du tout l'enrichissement. Leur édition numérique reste encore très calée sur l'édition papier.

Plusieurs freins sont identifiés pour expliquer le retard francophone. Chez les éditeurs, il y a la difficulté à maîtriser les aspects techniques. Les petits passent par des prestataires extérieurs et n'ont donc pas l'occasion de partager la culture digitale. Les gros au contraire privilégient les services intégrés et développent leur savoir-faire. Les uns et les autres investissent dans cette nouvelle activité, mais pas plus que nécessaire. La  sphère francophone apparaît comme davantage conservatrice. Nombreux sont les éditeurs qui affirment agir selon la demande et celle-ci n’est pas encore fulminante. Certains sont toutefois plus aventureux que d’autres. Ce fût le cas avec la maison d’édition québécoise Libre expression. Pour prendre le pouls des lecteurs, l’éditeur a publié en premier la version numérique d’un livre de Kim Thuy. Étonnamment, pas moins de 200 copies ont été vendues en quelques jours chez Archambault, grande librairie montréalaise. Cependant en général, les techniques de promotion des éditeurs paraissent peu efficaces et inadaptées. Ils misent essentiellement sur les sites internet (23%) et sur l’e-mailing ou la newsletter (20,3%) deux modes de communication très peu percutants. Ils ne sont que 17,8 % à croire aux vertus de réseaux sociaux comme Facebook.

Quant aux lecteurs, les premiers à jouer le jeu ont été les gros consommateurs de livres (plus de 20 achats par an). Aujourd'hui se profilent également les moyens et petits lecteurs, dont les habitudes de consommation sont différentes. Pourtant, 73 % du public français continuent de déclarer qu'il n'est pas intéressé par le livre numérique (Baromètre Sofia 2014), même si les qualités de ce nouveau support commencent à s'imposer : pratique, peu encombrant, facilement disponible, etc. Reste la question du prix, problème déjà identifié dans une étude de l'IDATE citée par Numerama en 2011 et conforté par un article de La Presse au Québec: en France, l'écart entre la version papier et la version numérique n'est que de 20%  environ, il faudrait qu'elle soit de 50% aux yeux des consommateurs. Le livre numérique français n’échappe pas au principe du prix uniquequi empêche d’offrir de grosses réductions. Du côté anglophone, le marché étant plus vaste, il est beaucoup plus facile d’être agressif et d’offrir des prix compétitifs fort attrayants pour le lecteur.

Lentement, mais sûrement…

Malgré ce retard, les indicateurs montrent que la montée du livre numérique devrait se poursuivre dans la francophonie. Déjà en 2010 l'IDATE (source Aldus2006) prévoyait 13 % en volume et 7 % en chiffre d'affaires pour 2015, on en est loin ! Mais la progression se confirme d'année en année. On a vu les courbes commencer à grimper à partir de 2011, ce qui correspond au lancement de l'iPad. Or justement, la diffusion rapide des tablettes numériques donne une nouvelle dimension au marché potentiel. 30% de la population française devrait être utilisatrice de tablettes tactiles en 2017, contre 10% seulement en 2012, soit un triplement en cinq ans, ce qui correspond à un potentiel de plus de 20 millions de clients. Comme n’importe quel appareil technologique, la liseuse sera de plus en plus raffinée et les prix de plus en plus compétitifs et abordables.

Le baromètre SOFIA indique que 39% des  Français misent sur un développement du livre numérique (... mais ils étaient 53% en 2012). Ils estiment la part qu'il devrait prendre entre 15 et 30% du total de l'édition. Il reste donc de la marge. Outre la progression de la littérature générale, qui ne se dément pas, on peut s'attendre à un développement des secteurs du tourisme et de l'éducation, mais aussi des livres de jeunesse et de la BD. Les éditeurs y travaillent. Outre les problèmes techniques d'enrichissement que cela pose, il reste aussi à régler les questions de droits d'auteur et de sécurité pour lutter contre le piratage. Autant de difficultés qui ne sont pas appelées à perdurer.

La fin du livre imprimé?

N'en déplaise une fois de plus à l'archidiacre Frollo : ceci ne tuera pas cela. Il semblerait que le livre imprimé survivra à l'e-book. Du moins c'est ce qui se profile. Les chiffres montrent que les amateurs de livres numériques restent acheteurs de livres papiers, ce sont même plutôt les plus gros lecteurs qui représentent la première clientèle du livre numérique et leurs achats ne diminuent pas sensiblement. L’e-book suscite l’intérêt pour la lecture, mais sans pour autant prendre toute la place. Le lectorat trouve des avantages tant au format numérique que papier. L'exploration d'autres secteurs économiques culturels peut donner un éclairage sur ce qui pourrait se passer  dans le domaine du livre.

À titre de comparaison, l'édition de la musique enregistrée a vu ses ventes s'effondrer suite à l'apparition du téléchargement et  de la distribution en ligne. Les professionnels en ont beaucoup accusé les pirates, au point de faire voter en France par le parlement un dispositif répressif (Hadopi). Pourtant, selon Patrick Waelbrock dans « la vie des idées », les  difficultés du secteur sont à chercher dans d'autres directions. D'après lui, les ventes de CD fléchissaient bien avant l'arrivée du téléchargement, c'est le support CD lui-même qui était condamné au déclin. Ensuite le rôle du piratage dans cette chute ne compterait que pour 7% au maximum. L'essentiel serait à chercher du côté des éditeurs eux-mêmes à qui il reproche leur manque de réactivité, leur incapacité à s'adapter à la fois aux nouveaux modes de consommation de la musique et aux opportunités offertes par les réseaux sociaux. Au lieu de cela, les majors continuent de miser sur les gros vendeurs et le marketing push, sans voir qu'ils se laissent contourner par les internautes et les producteurs directs. À le regarder globalement, le secteur de la musique n'est pas en crise, mais les modes de production et de consommation ont changé, les éditeurs qui cherchent à conserver des positions dominantes se trouvent donc en difficulté.
L'autre exemple est fourni par la presse. Dans « On entend dire que la presse écrite est morte », Marie Malaterre Roque prend le contrepied d'une peur répandue. Elle cite Xavier Romalet, le patron de VanityFair « on prédisait déjà notre mort il y a dix ans ». Or, de nouveaux titres voient le jour chaque année, et même des quotidiens comme L'Opinion. En 2012, l'OJD en a compté 248 en France. L'auteur repère les « formules gagnantes » de la presse web, comme Médiapart. Non seulement, elles ont développé un contenu original, mais elles ont su se couler dans une économie différente, sans publicité, avec des coûts de fabrication et de distribution réduits. A contrario, des journaux très présents en version numérique, comme Le Monde ou le Washington Post, ne voient pas du tout disparaître l'édition papier à laquelle les lecteurs restent attachés. Il y aurait donc d'un côté la création de contenus nouveaux exploitant à fond les ressources du numérique et de l'autre la redéfinition du rôle du papier autour de la matérialité et de la conservation.
Dernier exemple, lyonnais celui-là : le city-guide  Le Petit Paumé distribué gratuitement dans la ville. Depuis de nombreuses années, il est tiré et diffusé à 300 000 exemplaires. L'arrivée de la version site web (200 000 visiteurs uniques par mois) et même celle de l'application smartphone (70 000 téléchargements)  n'ont pas fait baisser la demande de papier. Les services offerts par les trois versions du guide sont largement différents, complémentaires et non pas phagocytaires. C'est un exemple qui touche au tourisme, justement un secteur dans lequel le numérique se cherche.

En conclusion, les différentes pistes explorées ici plaident plutôt en faveur d'un livre papier qui recule sans doute, mais se maintient et recompose sa formule éditoriale  pour se positionner différemment de la version numérique. L’avenir nous dira si cette hypothèse se confirme…

L’ “ogre” Netflix : mythe ou réalité ?

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Ce billet a été rédigé par Dorian Seillier (ENS) et Héloïse Geandel (ENSSIB) dans le cadre du cours en ligne Economie du web.

Fondé par l’entrepreneur Reed Hastings en 1997, Netflix était à l’origine un service de location illimitée de DVD sur internet fondé sur un abonnement mensuel. C’est aujourd’hui un des plus importants services de VOD (Vidéo On Demand) et de streaming dans le monde, qui totalise un tiers du trafic internet global aux Etats-Unis pendant les heures de grande écoute. En passe de devenir le symbole d’une véritable révolution des modes de consommation dans le secteur audiovisuel, la percée soudaine de Netflix ces dernières années suscite l’engouement autant qu’elle inquiète les acteurs traditionnels, tiraillés entre deux tendances : engager le bras de fer avec le futur géant de l’OTT (“Over-The-Top content”), en lui refusant les droits à certains contenus pour le contraindre à la même réglementation que les acteurs traditionnels et rééquilibrer ainsi le marché ; ou bien copier son modèle et proposer un service équivalent pour faire concurrence. Contester ou imiter ? Un choix difficile pour les chaînes TV et plus généralement pour les câblodistributeurs qui se sentent menacés par ce qui commence à être appelé le “tueur du câble”. Cette crainte est-elle justifiée ou fantasmée ?

Le “cord-cutting” aux États-Unis : un phénomène à relativiser

Il faut rappeler que la diffusion de contenus audiovisuels aux États-Unis diffère fortement de la télévision française. Outre-Atlantique, la télévision hertzienne (broadcast television) se structure autour de cinq grands réseaux de diffusion privés, qui retransmettent des programmes par l’intermédiaire de stations locales (ce qui signifie que la même chaîne ne diffusera pas la même chose partout dans le pays au même moment) : ABC, CBS, NBC, Fox et The CW. A côté de cette offre gratuite (disponible dès l’instant où l’on possède un poste de télévision), existe aussi la télévision par câble et par satellite, qui requiert un abonnement afin de profiter des contenus proposés (“pay television”). C’est le système de réception dominant aux États-Unis, avec près de 50 millions d’abonnés.

Mais les grands groupes de chaînes câblées américaines sont de plus en plus préoccupés par ce qu’ils appellent le “cord-cutting”, qui signifie pour un client de résilier son abonnement au câble ou au satellite. Entre 2010 et 2013, on estime que le nombre de foyers américains n’ayant pas souscrit à la télévision payante est passé de 5,1 à 7,6 millions. Le constat est encore plus frappant chez les jeunes : près de 13% des 18-34 ans n’auraient pas souscrit à une offre câblée en 2013, contre 8% en 2010. De façon concomitante, Internet rattrape aujourd’hui la TV câblée dans les habitudes des Américains car le nombre d’abonnés à un accès internet haut débit égale aujourd’hui celui de la télévision payante.

C’est dans l’évolution des modes de consommation qu’il faut chercher les raisons de ce phénomène. Le succès des services de VOD et de streaming tels que Netflix le propose est basé sur la délinéarisation des contenus et sur leur accès multi-supports. En d’autres termes, on abolit les contraintes horaires et matérielles dans le visionnage des programmes, accessibles désormais à tout moment et en tout lieu, du moment que l’on possède une connexion internet. Ce système de diffusion répond au phénomène du “binge watching”, la consommation effrénée de séries sans l’attente hebdomadaire de nouveaux épisodes. Car c’est ce qui distingue Netflix des chaînes TV traditionnelles : les droits de diffusion aussitôt acquis, le site met en ligne la totalité d’un programme et satisfait ainsi les nouvelles habitudes de consommation audiovisuelle des usagers. D’autre part, l’inconvénient majeur de la télé câblée réside dans son manque de flexibilité. L’abonnement à un bouquet de chaînes signifie une multitude de programmes, dont une large part n’intéressera pas forcément les usagers, mais qu'ils sont tout de même obligés de payer pour accéder à l’ensemble des contenus. Cela peut donc constituer un coût prohibitif pour les nouvelles générations qui ne voient plus la nécessité de souscrire à une offre aussi large quand il leur est maintenant possible de satisfaire leurs besoins de manière stricte sur internet, “à leur demande”. Le succès d’une plateforme VOD comme Netflix repose en grande partie sur cette expérience utilisateur privilégiée, via l'algorithme de recommandations.

Netflix est-il pour autant en train de “tuer” la télévision payante américaine ? Rien n’est moins sûr aujourd’hui. Le poste de télé reste le support de réception privilégié des Américains. Le nombre d’abonnés aux chaînes du câble ne baisse que légèrement, en raison de leur exclusivité des droits sur plusieurs programmes, notamment en ce qui concerne le sport (ESPN). D’autre part, les chaînes TV ne restent pas impassibles face à la déferlante Netflix, mais se décident, elles aussi, à modifier leurs offres pour s’adapter à cette concurrence : HBO et CBS viennent de lancer leur propre service de VOD sur leur site, sans qu’il n’y ait plus besoin d’être abonné à l’offre classique par câble ou satellite (“HBO go” et “CSB All Access”). Moins qu’une exécution soudaine et brutale, l’arrivée de Netflix semble avoir entraîné un bouleversement de l’écosystème audiovisuel, forçant les chaînes TV américaines à s’adapter aux nouveaux modes de consommation des usagers afin d’enrayer un déclin qui semblait d’ores et déjà annoncé.

L’arrivée de Netflix en France et en Europe : des “batailles” à venir

Après une venue aussi attendue que redoutée, Netflix vient d’être lancé sur le marché européen à la rentrée 2014. Arrivée en France le 15 septembre 2014, mais également présente en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg., la chaîne présentée, par les médias comme une véritable menace pour l’industrie culturelle, fait peur et certaines chaînes s’en masquent à peine, à l’exemple de la chaîne belge payante BeTv dont le slogan publicitaire en dit long sur la concurrence représentée par Netflix : «Regardez aujourd’hui sur Be tv Go ce que Netflix proposera peut-être dans 2 ans".

Confrontée à la venue prochaine de Netflix en France, la riposte ne tarde pas à se faire sentir. Ainsi les patrons de TF1, Canal + et M6 avaient rédigé une missive à l’intention de la ministre de la Culture de l’époque, Aurélie Filipetti, pour lui demander de libéraliser l’audiovisuel français afin de leur permettre d’être sur un même pied d’égalité avec Netflix : "Ce n'est pas une crise économique que traversent TF1, Canal+ et M6, mais une mutation industrielle accélérée (...) menaçant à terme leur pérennité », expliquent-ils.  Ces derniers appellent notamment les pouvoirs publics à remettre en question "l'ensemble des taxes sectorielles", à libéraliser le secteur audiovisuel et celui de la création et à réviser les règles interdisant de publicité télévisée certains secteurs.

Le patron de Netflix est quant à lui confiant sur la pérennité de sa plateforme face au marché européen. « La télévision traditionnelle ou linéaire est appelée à disparaître », prédit Reed Hastings dans une interview à Télérama. «La télévision linéaire va encore durer un peu grâce au sport, dont la fin n'est jamais écrite. Mais elle aura disparu dans vingt ans, car tout cela sera disponible sur Internet […] Et quant à la question de la chronologie des médias en vigueur en France, qui n’autorise la diffusion des films que 36 mois après leur sortie au cinéma sur un service d’abonnement de vidéo, Reeds Hastings affirme que « ce n'est pas un problème […] car nous diffusons surtout des séries qui ne sont pas soumises à cette réglementation ».

A l’image de HBO, les chaînes françaises se sont donc préparées à faire face à ce « raz-de-marée » qu’est censé représenté Netflix. Canal+ a anticipé l’arrivée de la plateforme depuis 2011 avec le lancement de sa propre plateforme de VOD “CanalPlay”, dont elle vient de rabaisser le prix à 6,99€ par mois. Si la chaîne ne peut proposer un catalogue aussi conséquent que celui de Netflix, elle peut néanmoins compter sur une nouvelle déclinaison de ces chaînes avec Canal Plus Series, qui propose plusieurs séries américaines (Homeland, Game of Thrones, Utopia, Scandal, Hannibal…) dont certaines seulement 24 heures après leur diffusion aux Etats-Unis. Un mois après sa venue sur le marché français, le succès de Netflix est donc pour l’instant mitigé. Si le géant américain aurait réussi à séduire plus de 100 000 utilisateurs en un mois, il convient de rappeler que pour l’instant tous les utilisateurs de Netflix bénéficient d’un mois d’essai gratuit. La véritable échéance sera de vérifier fin octobre si ces tous premiers utilisateurs seront prêts à dépenser une somme comprise entre 7,99 € et 11, 99 € par mois pour visionner films et séries sur la plateforme.

Autre frein à la bonne implantation de Netflix en France : les habitudes de consommation des Français. Ces derniers sont encore peu familiarisés avec l’usage de la vidéo à la ligne. Pour l’instant le service est disponible sur les smartphones, les tablettes, les ordinateurs, depuis les consoles de jeux vidéo ou encore les télés connectées. Mais s'il veut séduire à grande échelle, Netflix doit arriver à être disponible sur l'ensemble des téléviseurs. Rappelons qu’en France, deux tiers des foyers, soit près de 16 millions, regardent les programmes TV via la box d'un opérateur télécoms. Donc si le site veut parvenir à parfaitement s’implanter en France, celui-ci va devoir composer avec les différents opérateurs. Dans cette optique, divers accords ont déjà été passés. Orange a déjà réussi à obtenir de Netflix ce qu’il souhaitait, à savoir le paiement de l’utilisation de son réseau. Quant à  SFR, si l’opérateur vient d’indiquer que le service de SVOD est désormais bel et bien disponible sur son décodeur TV avec GooglePlay, il n’a pour autant pas encore annoncé l’arrivée de la plateforme sur la box du FAI. Cependant un opérateur refuse toujours de traiter avec le site américain : Free « ne cèdera pas  tout de suite aux sirènes de Netflix », a déclaré jeudi 9 octobre Maxime Lombardini, directeur général d’Iliad.

Difficile donc de juger, un mois seulement après l’arrivée de Netflix, du véritable impact de la plateforme en France. Si celle-ci a réussi à bien s’implanter à l’étranger, elle n’en a pas pour autant bouleversé le système de consommation. Comme l’explique Pascal Lechevallier, consultant en médias et spécialiste de la VOD sur Digital Home Revolution«Netflix va se distinguer grâce à la curiosité qu’il suscite, son marketing. Mais dans un contexte audiovisuel français assez concentré, il va sans doute batailler plus dur que prévu pour se faire une place au soleil», ajoute l’expert. Si pour l’instant la France ne semble pas assister à une révolution, l’arrivée de Netflix marque cependant un tournant dans les modes de consommation des Français, popularisant la SVOD.

 

Hachette sera-t-il emporté au gré du fleuve Amazon ?

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Ce billet a été rédigé par Jonathan Gosselin (EBSI) et Lénaïk Le Duigou (Enssib) dans le cadre du cours en ligne Economie du web.

Du grand fleuve au volcan, on ne sait quelle métaphore géo-sismique siérait le mieux à Amazon, entreprise hors-normes devenue, en vingt ans à peine, l’incontournable  géant du commerce en ligne que l’on sait. La croissance fulgurante d’Amazon s’est faite dans la douleur, tant en interne que chez ses fournisseurs. Les exaltants rebondissements du bras de fer commercial opposant depuis des mois Amazon à l’éditeur Hachette Books Group, second groupe d’édition aux Etats-Unis, en sont une nouvelle illustration, l’éditeur étant en apparence celui qui a le plus à perdre dans le conflit. Alors, David contre Goliath? Ce n’est pas si simple.

Les prix Amazon menacent les marges d’Hachette

Oui certes, la guerre se joue autour du prix du livre numérique. D'un côté, Amazon, sous la pression de ses actionnaires, est impatiente de rentabiliser enfin son écosystème du “client captif”, pour lequel elle a énormément investi et a, pour l’instant, perdu énormément d’argent.  Pour ce faire, fidèle à son credo du “tout pour le client” et à sa stratégie de fidélisation, quitte à vendre à perte, Amazon mise sur une politique de prix bas et, en l’occurrence pour le livre numérique, de prix unique de 9,99$, seuil psychologique au-delà duquel les ventes s’essoufflent. L’e-commerçant estime en effet que les lecteurs achètent 1,74 copies en moins lorsque le prix des livres numériques est fixé à 14,99$, et qu’un prix de vente supérieur à 9,99$ est injustifiable, puisque les coûts de production d’un livre numérique sont inférieurs à ceux d’un livre papier.

Hachette s'inscrit en faux contre ces raisonnements. Dans une lettre adressée en août 2014 à ses détracteurs, le président d'Hachette, Michael Pietsch, explique qu'il est erroné de prétendre que tous les livres ont la même valeur. Il soutient également que le prix des livres numériques sert à éponger le coût de production associé à tous les formats - numérique, couverture rigide, couverture souple, etc. - et pas seulement à ceux associés aux livres numériques. Selon lui, le litige entre sa compagnie et Amazon provient plutôt de la gourmandise agressive de son rival, qui désire occuper une part plus grande du marché du livre, au détriment des auteurs, des petites librairies et des éditeurs.

Les enjeux pour Hachette sont, d'une part, la marge de profit qu'il sera en mesure d'obtenir pour chaque livre numérique vendu et, d'autre part, la position qu'il occupera au sein du marché du livre.

Le distributeur peut-il fixer les prix : « agence » vs « classique »?

Les nombreux journalistes qui ont suivi le déroulement de ce conflit ces derniers mois  évoquent rarement les évènements qui se sont déroulés avant mai 2014. Pourtant, l’origine du conflit remonte à 2009 (voire même aux début des années 2000 si l’on considère les premières opérations promotionnelles controversées).

Le modèle qui régit alors la fixation des prix - le modèle "classique" - permet aux distributeurs de fixer les prix de vente. Les fondations de ce modèle sont néanmoins ébranlées lorsqu’Apple, qui s'apprête à lancer son Ipad et qui cherche à percer dans l'industrie du livre numérique, s’entend au mois de décembre 2009 avec Hachette et d’autres grandes maisons d'édition (HarperCollins, MacMillan, Penguin et Simon & Schuster) sur l’adoption d’un “modèle d'agence”. Ce modèle offre aux maisons d'édition le pouvoir de fixer elles-mêmes une fourchette de prix, du minimum au maximum. En échange de l'adoption de ce modèle, Apple réclame 30% de commission sur tous les livres vendus sur sa plateforme et exige que les maisons d'édition imposent ce nouveau modèle à tous leurs distributeurs, dont Amazon.

En avril 2012, le ministère de la justice des Etats-Unis condamne Apple et les éditeurs pour entente illicite. On les accuse d'avoir augmenté et figé le prix des livres numériques, d'avoir empêché la concurrence entre les différents revendeurs et d'avoir réduit la concurrence entre éditeurs en adoptant des stratégies de vente identiques. Afin d'éviter de s'embourber dans un combat juridique sans fin, Hachette conclut un accord avec la Cour par lequel il s'engage à rembourser les acheteurs qui ont subi des préjudices. Dans le document faisant état de la poursuite, on constate également qu'Hachette s'engage à ne pas "restreindre, limiter ou entraver la capacité qu'a un distributeur de fixer, altérer ou réduire le prix de vente de tous ses livres numériques" (traduction libre).

Ces contraintes imposées par le ministère de la justice américain étaient valables deux ans et sont levées depuis le mois de février 2014… d’où la résistance d’Hachette face au modèle “classique” qu’Amazon tente de lui imposer ?

 Le livre, un produit différent ?

Par mesure de rétorsion dans ce différent commercial, Amazon ralentit volontairement la livraison de produits édités Hachette, acquiert une quantité insuffisante de livres, empêche la précommande de livres papier et surfacture les livres électroniques de cet éditeur tandis que le site “pousse” des suggestions d’achat pour d’autres livres “similaires” non-édités par Hachette... Amazon enjoint même ses clients, en dévoilant le mail du patron d’Hachette, à lui réclamer une baisse des prix, au nom de leur droit à lire…

L’effet sur les ventes ne tarde pas. En août 2014, inquiets devant les préjudices qu'ont subi plusieurs écrivains, 900 auteurs rédigent une lettre dans laquelle ils demandent à Amazon de mettre fin à de tels procédés. Selon les signataires, la décision d'Amazon de freiner l'acquisition de produits aurait été légitime s'il s'était agi de biens de consommation ordinaires. Or, selon eux, le livre ne peut être réduit à un simple bien de consommation, même si le livre, qu'il soit papier ou numérique, fait partie de l'économie de l'information.

Est-ce enfin l’avènement du numérique ?

Il est dommage que l'avènement du numérique et ses conséquences n'ait pas fait l'objet d'un paragraphe ou deux. Car si le livre numérique est effectivement différent d'une marchandise ordinaire, puisqu'il contient de l'information, il semble erroné de croire qu'il se soustrait à toute comparaison, qu'il est unique, comme les auteurs l'affirment.

Les changements qui se sont produits dans l'industrie de la musique et du film, nous l’indiquent, l'un des enjeux majeurs auxquels les éditeurs tel que Hachette doivent réfléchir est l'arrivée, dans l'industrie du livre, de nouveaux acteurs chamboulant les rôles et l'importance de chacun.

Puisque les livres numériques sont des biens non-rivaux et non-exclusifs et que leur utilisation se généralise, les différents maillons de la chaîne de distribution font face à de grandes perturbations : le rôle de certains, telles que les petites librairies indépendantes, est remis en question ; le rôle des différents acteurs se confondent, comme le démontre le service d'édition offert par Amazon; et de nouveaux services jusqu'à présent improbables voient le jour, tel que le service de consultation illimité d'Amazon.

Comme on peut le constater, dans cette nouvelle économie du livre, Amazon a pris une grande avance et semble occuper une place prépondérante, au détriment des maisons d'édition. Son modèle d’affaires a clairement un objectif de désintermédiation, c’est-à-dire de suppression de maillons, ou acteurs, du marché. Selon les économistes, Amazon remonte désormais le cours de la filière du livre, filière dont la valeur s’est déplacée en aval, en intégrant de nouvelles compétences métiers et de nouvelles activités.

Selon certains, Hachette refuserait d'accepter le prix unique de 9,99$ d'Amazon car une telle pratique entraînerait la dévaluation du livre papier. Une telle dévaluation accélérerait probablement les changements imputables au numérique dans le monde du livre et fragiliserait la position d'Hachette. Hachette, par le biais d'un prix plus élevé pour ses livres numériques, tente de ralentir ces changements, à défaut de pouvoir les endiguer.


L’Open Access, quels enjeux pour les bibliothèques universitaires ?

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Billet rédigé par Paula Lebrasseur (EBSI) et Valérie Saos (ENSSIB) dans le cadre du cours en ligne sur l'économie du web.

En tant qu'étudiants, nous y passons de temps en temps pour travailler, flâner dans les rayonnages ou emprunter des ouvrages. Nous apprécions de pouvoir nous connecter à distance au catalogue pour y trouver des références, et surtout de pouvoir consulter et télécharger des articles ou publications en ligne. Mais quels changements implique le passage au numérique dans les politiques documentaires des bibliothèques universitaires ? Sommes-nous conscients des défis que représente pour elles le développement de l’Open Access ?

Des bibliothèques universitaires sous pression

Centres de ressources dédiés, les bibliothèques universitaires se doivent de proposer des documents et des services pour servir au mieux les 2 missions des universités : l’enseignement et la recherche.

Leurs activités s’articulent principalement autour de 3 pôles : l’acquisition d’ouvrages et d’abonnements, le traitement matériel et intellectuel des collections, et la conservation et le prêt de documents.

Mais que faire en période de restrictions budgétaires alors que les prix des abonnements aux revues augmentent de manière exponentielle et captent l’essentiel des ressources financières ? Les bibliothèques universitaires ont choisi de réagir et de se regrouper en consortium à l’échelle nationale, à l’image du Bureau de Coopération Interuniversitaire au Québec ou de Couperin en France, à l’échelle européenne avec le projet Knowledge Exchange ou à l’échelle multinationale avec le regroupement Southern Europe Libraries Link.

Les regroupements en consortiums ont contribué à augmenter le poids des bibliothèques dans les négociations tarifaires, et les politiques de mutualisation des ressources pratiquées au sein des consortiums les soulagent d’une partie des coûts. Toutefois, ces démarches s’avèrent insuffisante. Citée en 2013 dans un article du quotidien Le Monde, Sandrine Malotaux, chargée des négociations avec les éditeurs au sein du consortium Couperin reconnait que “ces dernières années encore, les prix demandés avant négociation par les éditeurs vont de + 4 % à + 15 % !” et constate que les dépenses d'accès aux revues peuvent “représenter jusqu'à 90 % des dépenses d'une bibliothèque”.

Les éditeurs commerciaux Elsevier, Springer, Wiley-Blackwell, Sage Publications et Taylor & Francis, à force de rachat de revues, forment aujourd'hui un oligopole qui tire largement profit de la notoriété associée à ses publications. Cette situation a conduit plusieurs universités à ne pas renouveler leur contrat d'abonnement avec eux. C’est le cas de l'Université de Konstanz, avec Elsevier, et de l'Université de Montréal, avec Wiley Online Library.

Dans ce contexte, l’Open Access (OA) peut apparaître comme une alternative aux problèmes budgétaires tout en garantissant l’accès à des ressources documentaires qui reflètent à la fois l’actualité des recherches scientifiques et leur vitalité. Mais que se cache-t-il vraiment derrière cette promesse?

Dans la jungle de l’Open Access

Il est difficile de définir clairement la notion d’OA tant les réalités qu’elle recouvre sont variées. Aussi, la définition en négatif donnée par Kevin Smith, responsable des communications savantes et du copyright à l'Université de Duke, dans son article« Three things open access is not » nous semble une approche originale et pertinente pour en déterminer les contours.

Tout d'abord, selon Kevin Smith, l’OA n’est pas plus sujet que les autres modes de publication au plagiat ou à la fraude. Principalement utilisé pour des articles de revues de recherches universitaires, l’OA ou libre accès désigne la mise à disposition en ligne de leur contenu. Ces contenus peuvent être libres (Creative commons) ou soumis à l’un des régimes de propriété intellectuelle. Une autre distinction s’impose entre le libre accès ou libre open access et l'accès ouvert ou gratis open access. Cela permet de différencier plus clairement ce qui est en accès gratuit pour l'internaute de ce qui est en accès gratuit et libre, parce que soumis à une licence d'utilisation dite libre. Vous nous suivez toujours ? Car l’affaire se corse !

Il n’y a pas qu’un seul modèle d’OA, mais toute une variété, et certains restent encore à créer, prédit Kevin Smith. Il est néanmoins possible de définir deux types de libre accès qui connaissent de nombreuses déclinaisons :

  • La voie en « or » où les revues rendent les articles immédiatement accessibles au public et appliquent un modèle de financement dit “auteur-payeur ”. Les frais de publication sont alors supportés par l’auteur, l’employeur de l’auteur ou l’organisme financeur. C’est notamment le cas de la revue Public Library of Science ou PLoS ou de BioMed Central. C’est un modèle très en vogue dans les pays anglo-saxons, et le rapport Finch, publié au Royaume-Uni, le préconise pour une transition rapide et efficace vers l’OA. Toutefois, Émilie Paquin, responsable édition numérique et partenariat pour la plateforme québécoise Érudit, soutien, dans sa conférence, que le principal défi du financement de l'accès libre est de : « trouver une formule qui garantisse l'accès aux résultats de la recherche tout en préservant l'indépendance de la recherche elle-même », et ce, même pour des domaines à faible rentabilité comme les publications en SHS.
  • La voie « verte » basée sur le principe de l’autoarchivage où les auteurs déposent des copies de leurs articles sur une archive ouverte ou Open Archives. C’est la voie tracée depuis 1991 par arXiv, premier site d’archives ouvertes pour les prépublications de physique, et que suivent certains Etats comme la France avec le projet HAL.

Entre ces deux voies, il existe de nombreux modèles hybrides. Notamment, celui de revues qui appliquent le principe d’embargo, l’article étant payant à sa publication puis rendu gratuit après une période variable de 6 à 12 mois. Ce type d’offres a été inclus par les éditeurs commerciaux dans leur offre de bouquet… ce qui brouille encore un peu plus la notion d’Open Access.

Car rappelons-le, le mouvement de l'Open Access trouve son origine dans la volonté de la communauté scientifique de voir ses articles diffusés à la fois le plus rapidement et le plus largement possible, alors que les grands éditeurs commerciaux de revues pratiquent des tarifs prohibitifs. L’OA n’est donc pas qu'un modèle d'affaires. C’est avant tout un engagement pour certaines valeurs : une plus large diffusion du savoir, davantage de transparence dans le processus de la recherche et la promotion d'une plus grande participation à la création, au financement et à l'évaluation du savoir. Ces principes, énoncés dans la déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en 2002, constituent les fondements d’un mouvement qui n’a cessé de s’amplifier, mais qui rencontre toujours certaines résistances. En témoigne la pétition I Love Open Access, lancée le 15 mars 2013.

Soutenu depuis son origine par les bibliothèques universitaires, y voyant un moyen d’échapper à la pression tarifaire des éditeurs commerciaux auxquels elles sont liées par les Big Deals, l’Open Access commence aussi à redéfinir leurs fonctions.

L'Open Access : de nouveaux défis pour les bibliothèques universitaires

L’abonnement à des ressources en ligne a modifié la politique documentaire des bibliothèques universitaires, les faisant basculer d’une logique de gestion de magasin à celle de gestion de flux et de bases de données. Toutefois, l’inflation des publications en OA les oblige à s’interroger encore plus sur leurs investissements en matériel informatique, et ce afin d’accroitre leur capacité de stockage et d’améliorer la gestion des flux. En effet, le Directory Open Access Journal répertorie à ce jour pas moins de 1 745 042 articles issus de 10 025 journaux différents et provenant de 135 pays.

Ces questions matérielles se posent avec d’autant plus d’acuité que certaines bibliothèques universitaires sont aussi devenues des centres de dépôts des archives institutionnelles des universités et organismes de recherche dont elles dépendent. Ainsi, en France, le projet HAL n'a pas pu freiner le développement d’archives ouvertes institutionnelles, dont le nombre est estimé en 2009 à 81 établissements par J. Schöpfel.

Mais avant d’assurer un archivage pérenne, les bibliothèques universitaires doivent traiter les métadonnées de ces dépôts, en suivant le protocole OAI-PMH, qui garantit l’interopérabilité des fichiers. Or, ceci implique la formation de bibliothécaires capables de concevoir de nouveaux répertoires pour améliorer le signalement de ces ressources documentaires. Pour incarner cette évolution, J.-M. Salaün avait proposé le néologisme d’« archithécaire » qui « commence comme archiviste et finit comme bibliothécaire, illustrant la fusion des métiers dans le numérique».

Ce travail sur les métadonnées est crucial, car il favorise la visibilité des ressources et dépôts en ligne, touchant directement à la mission principale des bibliothèques, qui est d'assurer l'accès aux ressources documentaires. Rien n’est plus important pour un chercheur que de savoir ses travaux visibles, et ainsi les voir éventuellement cités, preuve de leur qualité et de la reconnaissance de ses pairs. Toutefois, beaucoup de chercheurs sont encore réticents face à l'OA par peur du plagiat et des procédures d'autoarchivages jugées trop lourdes. C’est ici que les bibliothèques universitaires peuvent intervenir en servant de relais actifs d'une politique de l'OA, en les sensibilisant et en les formant aux procédures.

L'Open Access constitue une réelle opportunité pour les bibliothèques, qui voient leurs fonctions documentaires redéfinies. Reste la question des moyens humains et matériels qui seront mis à leur disposition pour les aider à relever ces nouveaux défis...

Pour en savoir plus

Sur l’édition scientifique : vidéo Open Access 101 réalisée par Sparc – Durée: 3m 16s.

Sur les bibliothèques universitaires et leur position sur l’Open Access :

Le droit à l'oubli fait face au développement du web de données

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Billet rédigé par Priscille Legros (ENSSIB) et Michel Carrière (EBSI) dans le cadre du cours en ligne sur l'économie du web.

Alors qu'auparavant on s'interrogeait sur le devoir de mémoire de notre société, nous nous interrogeons aujourd'hui, en totale opposition avec celui-ci, à notre droit à l'oubli. Ce basculement entre volonté de mémoire et volonté d'oubli prend sens avec l'apparition et l'utilisation d'internet et du web 2.0 qui marquent une rupture fondamentale dans nos usages et nos manières de penser. En effet, alors qu'avant on s'évertuait à conserver l'information qui s'accumulait et s'oubliait dans le temps, aujourd'hui la moindre de nos activités dépose une empreinte dans l'environnement numérique, créant ainsi une mémoire illimitée et en réseau. Louise Merzeau rappelle d'ailleurs, lors de sa conférence "Oublier l'oubli : mémoire et traçabilité numérique" en 2012 que "la part des traces non intentionnelles a dépassé celle des traces déclaratives" car aujourd'hui, chaque information engendre des informations et chaque donnée a sa métadonnée.

Car si, jusqu'à  présent, il était question du web des documents, créés et destinés aux  humains utilisant des données difficilement traitables, l'évolution des  pratiques et des systèmes a permis de fragmenter  l'information  en données porteuses de  sens pour la machine et décuplant les possibilités de traitement de celles-ci à tel point que le nouveau web est qualifié de celui de données. L'idée de Linked data, concrétisée par Tim Berners-Lee en  1998 (norme W3C), annonçait déjà l'importance de relier les données entre elles.

Aujourd'hui, des commissions du W3C travaillent sur les modalités permettant d'extraire le contenu des pages web sous forme de données. En  combinant deux technologies -   langage HTML et langage de description - les machines peuvent maintenant comprendre la structure de  la connaissance et la traiter avec un raisonnement plus déductif au  lieu de traiter simplement du texte. Les possibilités de recherche, de  collectes et de traitement des données sont désormais telles qu'on se croirait  dans un roman d'Isaac Asimov...

Dans cette optique, il est légitime de se poser la question de la compatibilité entre le droit à l'oubli et la direction que prend le web et ses industries. Les mouvements en cours sont enclenchés depuis un bon moment déjà et les grands noms tels qu'Amazon, Google et Facebook utilisent le plein potentiel du web des données et du référencement ;  mais ce n'est qu'une des multiples facettes du web actuel. Le croisement d'autant d'informations différentes au même endroit entraîne inévitablement des questions juridiques car le droit à l'oubli est autant légitime que la protection de la vie privée elle-même. La notion est appelée à se raffiner et à se préciser, mais l'ensemble des pays dotés de politiques claires sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels doivent indéniablement  se pencher sur la question.

La loi tente de répondre à cette nouvelle problématique du droit à l'oubli que ce soit en France avec la loi Informatique et Libertés ou au Canada avec la loi fédérale sur la protection des renseignements personnels et des données numériques. Des instances comme la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) en France et dans chaque pays européen ou le Commissariat à la Protection de la Vie Privée au Canada, sont créées pour s'assurer de la protection de la vie privée des internautes et aider les utilisateurs à comprendre et revendiquer leurs droits sur internet.

À la fin des années 2000, l'infobésité qui règne sur internet commence à être une réelle problématique pour les utilisateurs. En 2010, un débat est même ouvert entre les acteurs d'internet et le pouvoir politique, en France, concernant le respect du droit à l'oubli (ou droit d'effacement). Deux chartes sont rédigées : la charte du droit à l'oubli numérique dans la publicité ciblée et la charte du droit à l'oubli numérique dans les sites collaboratifs et moteurs de recherche. Elles ont pour objectif de renforcer la protection de la vie privée sur internet. Mais ces textes ne sont que des engagements et n'ont pas valeurs d'obligations. Au final, peu d'acteurs signent ces chartes. Skyrock, Viadeo ou encore Microsoft ont signé, mais Facebook et Google qui ont pourtant participé à la réflexion et au débat n'ont, eux, pas apposé leur logo sur cet engagement. La CNIL n'a également pas voulu signer cette charte, lui reprochant de ne pas assez respecter la loi informatique et libertés ("Un comble!" selon Jean-Marc Manach). Le Parlement européen a validé un projet de règlement sur la protection de données en mars 2013. Ce projet devrait aboutir en 2015 et créer, ainsi, une réglementation pour les Etats membres de l'Union européenne.

En ouvrant cette porte juridique, l'Europe essaie de démontrer qu'une conciliation est  possible, et même souhaitable, entre les industries du web et la protection des internautes.

Car si le droit à l'oubli est reconnu comme un droit fondamental, il va cependant à l'encontre de tout un marché du web qui prend sa source même dans la récupération et le traitement des données. Si Google scanne vos avis, recherches, requêtes, visites et corps de courriels pour vous proposer une publicité personnalisée à vos goûts et besoins, d'autres acteurs, à l'inverse, vous proposent de veiller et de vous conseiller sur votre e-réputation. Un nouveau marché s'est donc créé avec le débat du droit à l'oubli, marché qui a d'ailleurs tout intérêt à ce que les utilisateurs continuent de laisser quantité de traces sur internet pour pouvoir mieux les aider par la suite.

Aujourd'hui, l'économie du Web est donc basée sur la récupération des données. L'information prend de la valeur grâce à son traitement (quel qu'il soit). Mais entre lobbying et loi, on n'a pas trop de peine à se demander lequel est le plus fort dans ce combat où l'un profite d'une ampleur internationale alors que l'autre peine à franchir les frontières étatiques.

Une des manifestations concrètes du respect du droit à l'oubli numérique est l'arrêt du 13 mai 2014 de la Cour de justice de l'Union européenne tranchant en faveur d'un citoyen espagnol pour le déréférencement, dans Google, de vieilles informations le concernant qui lui nuisaient au quotidien. Depuis cette date, les citoyens de la communauté européenne peuvent placer une demande auprès du moteur de recherche pour faire retirer certaines « traces » personnelles laissées lors de navigations sur le web, c'est-à-dire en supprimant le lien entre une page web et un nom dans une barre de recherche. Les demandes ne se sont pas fait attendre, suite à ce jugement Google a reçu pas moins de 475 000 demandes (octobre 2014). On imagine bien le branle-le-bas de combat au sein de Google France qui aurait engagé une centaine de juristes pour répondre à environ 1000 demandes par jour.

Il y a cependant quelques bémols : la directrice des affaires juridiques de Google France, Maria Gomri, indique que les décisions sont plus difficiles à rendre pour une personne publique que pour un particulier (une photo compromettante par exemple) car Google tient un certain rôle d'observateur. Aussi, François Pellegrini, représentant de la CNIL, nous rappelle que malgré le déréférencement par les moteurs de recherche, l'URL contenant l'information indésirable existe toujours, même s'il est plus difficile à trouver.

Au vu de cette problématique complexe entre droit à l'oubli et développement des industries dans le web 2.0, la question ne sera peut-être bientôt plus celle de leur compatibilité, mais de leurs évolutions dans le futur. Car si aujourd'hui, les éditeurs peuvent connaître leur lectorat grâce à la vente de leurs ebooks qui leur permettent de récupérer les données associées au fichier du livre (quelles pages ont été lues, combien de temps à durer la lecture, etc.), cela leur permet de mieux comprendre les pratiques de lectures des consommateurs et, à terme, de trouver une plus grande compatibilité entre création et usage. Or, l'édition numérique n'est qu'un des nombreux exemples d'utilisation de données qui commencent à arriver dans notre société. Nous parlons ici bien sûr du Web 3.0 : les objets connectés soit la nouvelle forme du web qui émerge et qui met en relation tous les objets du quotidien avec l'intelligence numérique. Cette nouvelle forme de web n'est plus seulement celle du partage des informations, mais du traitement de celles-ci de manière automatisée et constante. Ici, le droit à l'oubli ne semble plus être de mise car votre frigidaire ne manquera pas de vous rappeler que vous avez oublié de racheter du lait.

La (ré)utilisation et l’exploitation des données ouvertes favorisent-elles leur économie ?

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Ce billet a été rédigé par Noémie Ponton (ENSSIB) et Hélène Gelinas (EBSI) dans le cadre du cours en ligne sur l'économie du web.

Une donnée est une description brute et factuelle d’une réalité. On peut distinguer deux grands groupes de données : les données primaires, celles issues de collectes automatiques voir systématiques et les données secondaires, issues du dépouillement d’une base préexistante. C’est à partir des données, en les analysant et en les structurant que sont créées les informations, porteuses de sens. Et c’est l’ensemble des informations agencées de manière pertinente qui donne potentiellement accès à une immense banque de connaissances utilisables. Penser individuellement ces concepts en les recontextualisant permet de les utiliser à bon escient et d’en comprendre les enjeux économiques et démocratiques.

Il faut savoir qu’il existe différents types de données (juridiques, statistiques, scientifiques, administratives, géographiques, culturelles) et que leurs relations sémantiques permettent de créer des écosystèmes intégrant un très grand nombre de données provenant d’une multitude de jeux de données différents. Les données captées auprès des individus complètent la gamme des études réalisées classiquement. La réutilisation et l’agencement des données ouvertes donnant lieu à une redocumentarisation joue un rôle prépondérant pour la question de leur valeur. Ainsi, les données assemblées de manière pertinente reconstruisent un monde informationnel et classent un monde de données numériques, potentiel source de revenus. Mais pour avoir une source de revenu, encore faut-il juger de leur valeur.

Qui pour juger de la valeur d’une donnée ?

« Je ne connais pas d’être vivant, de cellule, tissu, organe, individu et peut-être même espèce, dont on ne puisse pas dire qu’il stocke de l’information, qu’il traite de l’information, qu’il émet et qu’il reçoit de l’information. » Michel Serres, philosophe et historien des sciences. Auteur de Petite Poucette, Editions Le Pommier, Paris.

L’information et surtout les données produites à profusion à l’heure actuelle sont au cœur d’un certain nombre d’activités. Pour pouvoir les utiliser avec profit, elles nécessitent d’être stockées (participant à un devoir de mémoire) et traitées. Les systèmes informatiques de gestion d’information sont des médiateurs capitalisant sur ces nécessités. Ils sont des points d’entrée en permettant aux utilisateurs de chercher des informations globales de manière pertinente sur la Toile. Ce sont « des systèmes intelligents qui gèrent de l’information, la comprennent et la mettent au service d’utilisateurs humains ». On peut légitimement se demander si ces derniers sont acteurs dans le jugement de valeur ?

Connue comme étant une matière première (on utilise d’ailleurs souvent la métaphore d’or noir ou de pétrole), la donnée ouverte acquière une valeur seulement à travers sa (ré)utilisation et l’interprétation qu’en fait son utilisateur, puisque, par définition, son exclusivité et sa singularité ne peuvent être monnayées. Dans Datanomics : « Open Data : show me the money! », Louis-David Benyayer et Simon Chignard avancent que la valeur d’une donnée se trouve dans la réutilisation non monétisée directement et qu’elle ne se révèle qu’une fois l’utilisation réalisée. Selon eux, la difficulté à déterminer l’impact économique viendrait notamment du fait que c’est rarement celui qui dispose des données qui peut en révéler la valeur. Le partage, l’utilisation et par la suite la réutilisation des données est donc la base de valeur. Et la question de valeur permet de régler la question du partage au cœur de l’économie du web.

Au niveau juridique

Il existe de nombreuses bases de données placées sous aucune licence juridique particulière. Toutefois, il existe des conditions générales d’utilisation communément acceptées. En effet, en 2007, puis en 2010 la Sunlight Foundation a établi dix grands principes permettant d’orienter des politiques et des actions d’ouverture des données. Parmi ces principes, il y a celui de la liberté de droit : les données ne doivent pas être soumises à des droits d’auteur, à un brevet ou rattaché à un droit de marque. Cela se justifie dans le sens où le droit d’auteur ne protège pas les idées, à moins que celles-ci soient sous couvert d’une expression originale. Les données primaires sont-elles suffisamment originales au point d’enclencher une protection de droit d’auteur ? Etant complètement factuelles, elles sont non-expressives car issues de traitements non originaux. Cependant on peut se poser la question du droit d’auteur pour les données secondaires, analysées et traitées. Selon le rapport Hargreaves (mai 2014) « Le législateur pourrait adopter une démarche normative et ne reconnaître une protection [au nom du droit de reproduction de la Propriété Intellectuelle] que pour les actes de reproduction ou d’extraction qui comportent effectivement un acte d’exploitation expressif ». Les données secondaires, par définition réutilisées, comportent-elles une exploitation expressive ?

Parmi la masse des questions juridiques (ne trouvant souvent réponse que dans des cas spécifiques) reste une autre question : celle de la transparence publique. La transparence exigée en premier lieu pour les données privées se déplace maintenant vers les données publiques. Pourquoi cette préoccupation ? Parce que les technologies d’aujourd’hui font qu’à l’heure actuelle il devient possible de demander des comptes très facilement. Et avec la multiplication des données de toutes sortes cela devient une exigence à part entière. La transparence assure au citoyen le maintien d’une vie privée mais aussi une bonne conjugaison entre internaute/créateur et utilisateur de la donnée, base d’une démarche démocratique.

Ainsi, aucun cadre juridique général et établit ne protège l’émergence des données et leur réutilisation est donc majoritairement complètement libre. Ces mécanismes de consultation libre amène les utilisateurs à être moteurs d’actions, moteurs de création et participe à redéfinir la place du citoyen dans le monde numérique et donc sa collaboration à la société. Cette approche inclusive amène à de nouveaux projets et presque à une nouvelle définition de la citoyenneté.

Les données au cœur de nombreux projets, réellement moteurs d’économie ?

Les 20 et 21 juin derniers s’est déroulé le premier hackathon sur les données ouvertes organisé par le Ministère de l’Intérieur Français. Ce nouveau phénomène se rapproche d’une sorte de marathon informatique ayant comme objectif « de donner un coup de projecteur sur la politique d’ouverture des données publiques du ministère, qui peut sembler aride et complexe », explique Camille Domange, chef du département numérique du Ministère de la Culture et de la Communication. Cet évènement encore marginal a permis à de jeunes équipes d’utiliser en situation réelle des données ouvertes par des acteurs publics et de les mettre en perspective avec des réalités, entre autres, culturelles. Lilian Madelon, l'un des lauréats de ce premier hackathon, et son équipe ont, par exemple, à partir des données de la Bibliothèque nationale de France et de la Cité de l’architecture et du patrimoine, développé une carte interactive qui rassemble des fonds numériques liés à la Première Guerre mondiale. Selon Thierry Mandon, Secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat et à la Simplification, l’Open Data inclus dans ce type d’évènement est « un projet de démocratisation de l’Etat ».

Pour encadrer ces nouvelles pratiques, depuis septembre 2014, la France est devenue le premier pays à se doter d’un administrateur général des données au niveau national. Sa mission est notamment d’améliorer le service public en se servant des données publiques comme levier. À retenir que les questions de production, de qualité et de circulation sont au centre des réflexions de ce chantier : un moment charnière pour la France ?

En France, peu de projets liés à l’ouverture des données peuvent réellement se targuer de bénéfices économiques. Les projets de développement, comme au Québec, sont à l’heure actuelle beaucoup liés à l’amélioration de services, à une meilleure interaction entre les citoyens et entre les différents acteurs gouvernementaux.

Le citoyen et la collaboration 2.0, vers une méthodologie mondiale ?

L’egouvernement, notion utilisée par le président français François Hollande dans son allocution datée du 24 septembre 2014, souhaite s’associer aux citoyens pour que ceux-ci puissent participer pleinement à l’action publique. Ne pas exclure le citoyen de ses données personnelles ni des données ouvertes en général relance la question de la collaboration et même la question du mode de travail. Selon Bernard Stiegler, « nous entrons dans l’ère du travail contributif », où le contributeur n’est ni simplement un producteur, ni simplement un consommateur. Les données aidant, il se développe une certaine économie que nous pourrions qualifier de contributive en voie de réhabiliter le savoir concentré sur la Toile, la connaissance commune et la créativité individuelle. C’est cette logique basée sur l’horizontalité, la collaboration et l’expérimentation que prône le regroupement hackathon. « Il s’agit d’ouvrir à de nouvelles façons de travailler, de casser le fonctionnement en silos, hermétique et vertical, de la structure administrative française » explique Alexandre Quintard, responsable des affaires publiques et juridiques de la mission EtaLab.

Seulement ces idées de contribution ne sont pas réellement en phase avec d'autres logiques économiques. Cela viendrait-il court-circuiter encore plus l’économie du web qui peine à trouver une viabilité ? La phase du consumérisme sur la Toile est peut-être terminée, maintenant, viens l’heure d’une nouvelle construction, d’une synergie globale, en voie de dépasser les frontières pour aller vers une généralisation des savoirs et connaissances, une sorte de super construction basée sur l’agencement intelligent de données. Ainsi l’ouverture des données deviendrait un processus à part entière dans la construction et l’organisation de la connaissance sur la Toile, où les données seraient pensées en amont pour qu’une collaboration simplifiée en découle.

Il ne faut pas oublier qu’en plus d’une potentielle valeur économique trouvée dans la réutilisation les données ouvertes ajoutent des valeurs sociales et mémorielles, bases d’une société. Ainsi seraient-elles un nouveau moyen de prendre la parole pour le citoyen 2.0 ?

Mais l'exploitation des données rencontre aussi des freins, comme l’obligation d’un format unique, le volume des données à traiter et stocker, la parfois non représentation de l’ensemble d’une population et le manque actuel d’interopérabilité à l’échelle internationale. Leur cloisonnement parfois forcé, souvent voulu, et donc la création de barrières ne permettent pas de créer de la valeur dans des réutilisations mondiales. Les difficultés de définition de termes d’échange couplées aux difficultés à les peser et les monétiser font que bien trop de projets sont menés de manière individuelle freinant du coup leur totale réussite. Une étude du cabinet McKinsey  considère pourtant que l’ouverture des données pourrait rapporter entre 3 000 et 5 000 milliards de dollars par an à l’économie mondiale.

Reste que l’ouverture volontaire des données est considérée par les entrepreneurs comme une stratégie d’innovation sur laquelle peu osent capitaliser. On peut penser que certaines réussites nationales en termes d’ouverture des données et de valeur ajoutée économique influenceront le paysage mondial. Ce scénario que l’on souhaite mondial se met doucement en place. Lors d’une conférence  à Paris, les 24 et 25 avril 2014 dernier, Marylise Lebranchu, Ministre française de la Décentralisation, de la Réforme de l’Etat et de la Fonction Publique a annoncé que la France rejoindra l’Open Governement Partnership dans ses pratiques d’Open Data et d’Open Governement.

Pour aller plus loin

[1] Les nouvelles technologies : révolution culturelle et cognitive, conférence de Michel Serres.

[2] Le rapport de l’étude du cabinet McKinsey Global Institute concernant l’Open Data.

[3] Du document à la donnée et retour : la fourmilière ou les lumières par Jean-Michel Salaün.

[4] Petit lexique de l’Open Data et du Big Data par Data Publica.

[5] : La double face de l’Open Data par Primavera De Filippi et Danièle Bourcier.

L’économie du partage : une réponse à la crise ?

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Ce billet a été rédigé par Claire Bonnenfant (Enssib) et Loup Cellard (ENS-Lyon) dans le cadre du cours en ligne Economie du web.

Partager, collaborer, contribuer

À l’origine du web,  le partage

En 1989, Tim Berners-Lee crée le web comme lieu même du partage.  L’informaticien répond ni plus ni moins à un besoin très fort de la communauté  universitaire : créer un système d’intéropérabilité documentaire pour que les chercheurs puissent partager leurs documents. Qu’en est-il aujourd’hui  de cette motivation première du partage ?

Daprès Julien Breitfield, le partage signifie donner accès à la ressource : « Le partage, c'est "l'action de diviser un tout en parties". Dans le numérique, monde des intangibles, la définition qui sied le mieux est "le fait d'avoir part à quelque chose avec quelqu'un". Partager un actif immatériel n'est pas le découper en parts, c'est permettre à l'autre d'y avoir accès». L’économie du partage s’inscrit dans une ambivalence complexe qui ne cesse d’évoluer entre marchandisation et non-marchandisation du partage. Quels mouvements sont à l’œuvre ? Quelles en sont les conséquences ? Comment se répartissent les rôles entre entreprises, particuliers, institutions dans ce contexte ?

La force du réseau

Avec le développement d’une économie en réseau, le prospectiviste Jérémy Rifkin montre que notre rapport à la consommation est en train de passer de la possession à l’usage d’un bien. Dans cette perspective, il n’est pas indispensable de « posséder » pour « participer ». Dans l’économie du partage, l’individu donne de son temps pour rendre service, pour partager ses connaissances. Il y a dans ce phénomène une forme de division et de mise en commun.

Le réseau a permis le développement du peer-to-peer, caractéristique fondamentale de l’économie du partage. Michel Bauwens, fondateur deP2P foundation définit le système du peer-to-peer (P2P) de la manière suivante :

 « le P2P est un certain type de dynamique relationnelle… C’est une forme d’organisation basée sur les réseaux, reposant sur la libre participation de partenaires équipotents engagés dans la production de ressources communes. Il ne recourt pas aux compensations financières comme motivation principale, et n’utilise pas les méthodes traditionnelles de commande et contrôle ».

Dans une certaine mesure, l’économie du partage semble renouveler des logiques anciennes comme par exemple, le troc. Ici le web est un facilitateur qui permet un échange non-marchand. Parce que le web permet un coup d’entrée très bas dans un marché, les pratiques se massifient, l’offre augmente, la demande est facilitée par la rapidité de circulation de l’information. Les crises que connaissent nos sociétés depuis plusieurs décennies pourraient être une explication pour l’engouement vers ce nouveau modèle.

La crise et l’économie du partage

L’intérêt pour un particulier de s’inscrire dans une logique basée sur le P2P est qu’il peut espérer retrouver une forme d’autonomie. Les crises successives amènent les individus à rechercher des modèles alternatifs au système capitaliste en place. Il semblerait que les individus soient aujourd’hui plus sensibles à l’effet de l’hyperconsommation (ventes/achats de produits d’occasions), aux problématiques environnementales (trocs/ventes de matériaux) et à la recherche de l’optimisation de leurs biens (location de biens). Cette dynamique qui tend à modifier les pratiques de consommation permet en réalité une nouvelle forme de consommation : des actions qui étaient avant non-marchandes (prêter sa voiture) deviennent marchandes et illustrent par là même une logique de marché.

Le lien social est un élément très important à prendre en compte dans l’économie du partage. Les individus semblent vouloir retrouver un lien communautaire, social pour palier à « l’individualisme triomphant » prôné dans notre société. Ce lien social n’est pas sans rapport avec la notion de confiance : « la capacité à recréer du lien social est pour beaucoup dans lengouement de nombreuses plateformes de consommation collaborative ». Le premier slogan du manifeste des évidences ne disait-il pas “les marchés sont des conversations”, et ce célèbre manifeste pour une relation plus saine entre entreprises et consommateurs sur internet ne croyait pas se tromper.  La confiance est la base de tous les marchés. Internet favorise cette confiance par des outils tels que les commentaires, les notes, les informations diverses. Une nouvelle économie de la réputation et de la notation apparaît dans laquelle la confiance dans l’information sera cruciale.

L’économie du partage : une économie idéale ?

La richesse du partage

Il va de soi que partager, collaborer est la richesse même de l’économie du partage dans sa recherche d’horizontalité : le consommateur est susceptible d’être un producteur, contributeur. Anne-Sophie Novel et Stéphanie Riot évoquent la richesse de ce système dans leur ouvrage Vive la corévolution : « Dans une société collaborative, la créativité et l’innovation sont décuplées : elles s’enrichissent de la diversité, et permettent en même temps à chacun de garder son individualité et de rechercher son épanouissement ». Le développement des fablabs est révélateur ici : optimisation des ressources, le do-it-with-others créateur de liens sociaux… Internet et les systèmes Peer-to-Peer investissent progressivement tous les espaces de notre vie quotidienne pour mieux les renouveler.

Exemple d’initiative : le projet FLOK

L’idée du projet FLOK initié par Michel Bauwens et Bernard Stiegler est d’arriver à une société libre et ouverte : « l’Équateur entreprend de refonder son économie en déclenchant une transition nationale vers une société de la connaissance libre et ouverte […]. Cette aspiration place l’Équateur au sein d’une communauté d’activistes d’Internet, de chercheurs, de hackers, et de commoners de tous types […] pour inventer une nouvelle économie et une société fondées sur les principes de connaissances communes libres ». Le mouvement des biens communs dans lequel s’inscrit FLOK entend allouer pour une même ressource, différents droits (a bundle of rights) aux différents acteurs qui souhaitent l'exploiter. L’objectif du projet FLOK est bien de mettre en évidence que le partage des biens communs peut aider à fonder de nouveaux modes de production, de circuits de distributions et de flux.

D'un coté, beaucoup de réserves sont émises sur l’économie collaborative (contrat précaire, contournements des lois, grande flexibilité des travailleurs, manque dinstance de représentation des travailleurs). De l'autre, les formes de propriétés partagées développées par le mouvement des biens communs permettraient une régulation plus saine et pas seulement gérée par des algorithmes dont on ne maîtrise pas les effets et dont seules des entreprises sont propriétaires.

Le partage qui rapporte

Le marché des données

Les internautes - par leurs échanges en ligne -  créent une masse de données qui est capturée et monétisée par les grandes plateformes comme Facebook (ventes de publicités sur la base de nos profils, revente de données personnelles sur des places de marchés), ou Google (enregistrement et exploitation des données de navigation...). Nos échanges peuvent donc être considérés en quelque sorte comme du travail gratuit (digital labor) pour ces grandes  plateformes qui ensuite exploitent les externalités positives issues de notre activité en ligne. L’utilisateur ne contrôle pas uniquement ce qu’il veut partager de son propre chef : à son insu il partage des données qui sont utilisées dans un but commercial, d’hégémonie des grandes plateformes. Ce phénomène de marché des données est un premier paradoxe que soulève la puissance du partage sur le web. Dans l’économie collaborative, la donnée risque de devenir primordiale pour ajuster constamment l’offre et la demande à l’aide d’algorithmes (cest déjà ce que fais le service de taxi Uber) ou pour noter les usagers et les travailleurs. Une logique capitaliste sous-tend l’économie du partage à travers cet aspect.

Circulation sur le web : quelle valeur ?

Avec le développement de la consommation collaborative, l’accès à une ressource et son partage deviennent marchands, nous assistons à une forme de monétisation de nos rapports sociaux (prêt, échange, simple service) et à une location de notre patrimoine (appartement, voiture, outils). Julien Breitfield le synthétise ainsi : « la location à vie de biens immatériels comme matériels engendre un état de crédit permanent, et une incertitude sociale, puisqu'elle tend à la disparition du patrimoine ». Breitfield soulève ici la question de la valeur et de la destruction de ce qui se partage.

Une concurrence déloyale ?

L’une des grandes questions soulevée par l’économie du partage est celle de la possible concurrence déloyale (location de voiture,  hôtellerie) des particuliers envers les professionnels. Ce qui semble poser problème c’est la transposition du partage des biens dans le partage des services : le pied d’égalité n’est plus de mise.

Dans une perspective différente, nous pouvons aussi prendre l’exemple d’Apple qui utilise du code et du logiciel libre puis en empêche le “hack”. Dans son livreMakers, Chris Anderson proposait déjà de déléguer aux communautés en ligne l’ensemble du marketing d’une entreprise et ce sans contrepartie financière. Un prémisse est visible lorsqu’une entreprise crée un forum en ligne de SAV ouvert à tous alors qu’elle assurait avant ce SAV.

Conclusion

Ces évolutions ne se sont encore qu’à l’état embryonnaire et le changement prendra du temps mais « la fulgurance des avancées technologiques, combinée à une évolution des mentalités représente une opportunité sans précédent pour transformer des secteurs, réinventer les services publics, dépasser les formes de consumérisme sources de gaspillage terrible et changer nos façons de vivre », disait Rachel Botsman, spécialiste de l’économie du partage.

L’économie du partage n'étant pas encore encadrée, le flou juridique est palpable. Il faut parvenir à trouver une règlementation qui n’étouffe pas l’innovation et qui dans un même temps ne fait pas de cette économie, une économie plus inégalitaire que ne l’est celle d’aujourd’hui.

Références supplémentaires

Peut-on vraiment prévoir les comportements d’achat grâce aux traces sur le web ?

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Ce billet a été rédigé par Thomas Cava (Enssib) dans le cadre du cours en ligne Economie du web.

Attends une seconde, quelles traces ?

On entend beaucoup parler de Big Data et lentement se met en place une prise de conscience globale des traces sur le web, notamment avec le  monopole des outils Google qui obligent l’internaute soucieux de ce qu’il laisse derrière lui à de véritables prouesses d’efforts pour continuer son activité sur le net tout en évitant les sites qui récoltent ses données.

Néanmoins, le terme de traces est assez flou et si on comprend bien qu’un achat sur Amazon donne au vendeur les moyens de nous recommander par la suite, peut-être a-t-on plus de mal à concevoir que notre dernier tweet, à propos de cette vidéo sur Youtube d’un chat qui joue du piano, est tout autant révélateur pour les acteurs du marketing prédictif.

Si l’on s’en tient aux récents propos de Louise Merzeau pour HAL, il en existe trois catégories :

Tout d’abord, les traces dites-déclaratives regroupent les rendus publics d'opinions, d'expériences (blogs, sites perso, articles et œuvres mis en ligne), mais aussi la formalisation autobiographique indexée (CV en ligne, profils rédigés sur les réseaux sociaux professionnels) ou encore les préférences, habitudes, humeurs (statuts sur réseaux sociaux, commentaires, micro-blogging), les fragments de vie, dispositions à des formes de jeu (photos, vidéos). L’internaute est conscient des informations qu’il publie.

Dans le cas de traces dites-comportementales, il s’agit aussi d’expression intentionnelle mais le même internaute ne soupçonne pas forcément la dimension d’utilisation potentielle derrière. Typiquement, on parle de requêtes dans les moteurs de recherche, d’articles achetés ou consultés dans l'e-commerce, de mails s'ils sont indexés. De la même manière, les données de géolocalisation sont d’abord consenties puis vite oubliées.

Enfin, ce qu’appelle Fanny Georges (en 2009, dans Représentation de soi et identité numérique) l’identité calculée, à savoir les indicateurs d'un capital relationnel, le degré d'influence ou la densité d'activité, est produite à partir de sites transformant des données quantitatives (fréquence et chronologie des publications, nombre de contacts, d’« amis » ou de followers, un score ou un classement, etc.) en données qualitatives : cette personne a acheté plus de 20 livres en un an, elle est qualifiée de grand lecteur, etc..

Je le savais, les gens ne sont pas fiables.

Jusqu’à présent, le marketing traditionnel se basait sur l’hypothèse que « le comportement des clients, leurs motivations d’achat se repos[aient] sur des dimensions uniquement relationnelles » (Big data et marketing : Vers une analyse prédictive de l'acte d'achat, Philippe Moncenix 2013). Typiquement, la prédiction de l’acte d’achat se repose sur la date du dernier achat, la fréquence d’achat ou encore le montant moyen sur une période donnée. Néanmoins, elles ne prennent pas en compte la dimension du statut émotionnel du client lors de l’acte d’achat, que ce soit les désirs, les valeurs, autant de critères irrationnels qui font de la prédiction du comportement d’achat un idéal plutôt qu’un fait accompli.

En effet, je reprendrai le terme de consommateur irrationnel (de Bruno Teboul, ancien directeur marketing et digital) pour dénoter le caractère en apparence irrégulier de comportements d’achat pour ces vieilles méthodes de pensées marketing. De fait, si les systèmes de marketing prédictif sont employés pour reproduire des comportements simples et basés sur des briques informationnelles élémentaires, ils se heurtent à la décision finale du consommateur qui, de par sa grande complexité intrinsèque, ne peut être parfaitement prédite.

On peut arranger ça, non ?

Aujourd’hui, en ayant ces problématiques à l’esprit, le marketing prédictif se doit de travailler avec des populations de données et de traces exponentiellement plus importantes que 20 ans à l'arrière. Deux schémas se dégagent de cette observation : certains développent des algorithmes de plus en plus poussés, basés sur des modèles statistiques, afin de trouver des motifs cachés de consommation (voir l’article que cite Teboul sur la prédiction de grossesses adolescentes /en anglais) ; d’autres puisent dans des banques de données immenses et brident leurs algorithmes en connaissance de cause pour influer sur la recommandation plutôt que la prédiction d’achat (Amazon en est l'exemple principal).

Évidemment, la solution la plus simple (ou la plus compliquée) serait de parvenir à récupérer les données manquantes, à savoir le statut émotionnel du client. On peut imaginer un futur où neuroscientifiques et comportementalistes seraient ajoutés à l’équipe marketing d’une grande entreprise pour contribuer à leur technique de prédiction. Déjà, avec l’engouement pour les appareils de self-monitoring et toutes les données renvoyées vers nos téléphones concernant notre santé, on peut envisager une application dans le domaine de la pharmacie : le poids, la taille, les battements de cœur par minute recueillis sur un téléphone permettent au docteur résident de l’entreprise de savoir que cet homme pourrait souffrir de tachycardie, une publicité s’affiche alors sur l’écran de son smartphone vantant les mérites du dernier médicament contre la tachycardie.

Personnellement, je pense que la prédiction d’achat relève de la prédiction du comportement de l’individu, et en tant que quelle, est vouée à l’échec. Certes, l’individu est amené à suivre des habitudes d’achat et de comportement par nature, et de nombreuses entreprises réussissent très bien à vendre leurs produits grâce au marketing prédictif tel qu’il est aujourd’hui, néanmoins c’est cette même nature qui fait de lui un être intrinsèquement irrationnel et régit par ses humeurs.

Tant que l’on n’aura pas résolu la question de la psyché humaine, je doute que l’on puisse vraiment prédire les comportements d’achat avec ou sans traces.

Qu’en pensez-vous ? Essayez-vous activement de ne pas laisser de traces sur le web, ou alors préférez-vous laisser au web les outils pour vous recommander votre prochain achat ?

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S’il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l’information et économie du partage qu’il réinvente en modifiant radicalement nombre d’activités  [S1]. Sa matière première, le document et l’information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applicatAge et générationsions mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvre la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de l’informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapport à l’espace, au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

Dans le courant de cette semaine cinq billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l’actualité chaude du web. La question initiale est indiquée ci-dessous et vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires sont ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat. Tout le monde peut y participer, mais les étudiants sont particulièrement sollicités.

Préparation des webinaires

BEpron

 

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire et un compte-rendu.

Dates

  • 15 octobre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 18 novembre : remise des documents préparatoires et préparation du déroulé des webinaires.
  • 25 novembre, 2 décembre et 7 décembre (12h-14h Montréal, 18h-20h France) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Vous choisirez de vous impliquer plus fortement dans l’un des trois webinaires en remplissant avant le 30 octobre le formulaire adhoc. Ce choix est obligatoire pour les étudiants (ebsi, enssib, ens), facultatif pour les apprenants.

Chaque groupe doit préparer sur un document partagé (voir ci-dessous « présentation des invités ») l’organisation de son webinaire. Le document préparatoire sera considéré comme définitif le 18 novembre. Il devra comprendre :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications : 1 page environ
  • Une analyse de ses deux dernières publications : 1 page par document (les deux documents seront validés par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l’invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de trois porte-paroles

Les trois « porte-paroles » du groupe interviendront en direct et en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités. Par ailleurs, chacun pourra réagir sur le cahier dédié ou via Twitter #ecodoc pour suggérer des questions.

Le Webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (1 h en plusieurs blocs thématiques),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire 25 novembre : Enjeux des métadonnées dans l’économie du document, invité Hadrien Gardneur (sous réserve). Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire 2 décembre : Nouveaux modèles d’affaires et de structuration des marchés dans l’économie du Web, invité Eric Brousseau (sous réserve). Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire 7 décembre (attention, ce webinaire a lieu un lundi !) : Le livre à l’heure du numérique, invité Françoise Benhamou. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S’il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l’information et économie du partage qu’il réinvente en modifiant radicalement nombre d’activités  [S1]. Sa matière première, le document et l’information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applicatAge et générationsions mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvre la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de l’informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapport à l’espace, au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

Dans le courant de cette semaine cinq billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l’actualité chaude du web. La question initiale est indiquée ci-dessous et vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires sont ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat. Tout le monde peut y participer, mais les étudiants sont particulièrement sollicités.

Adblock, économie de l’attention, publicité… quelle est réellement la problématique et quelles sont les forces en présence ?

Le livre numérique : meilleur ennemi des librairies physiques ?

Édition et métriques : la mesure des enjeux

L’âge de l’hyperconnexion et ses dégâts

Auto-édition et éditeurs traditionnels : impacts, pratiques et opportunités

Préparation des webinaires

BEpron

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire et un compte-rendu.

Dates

  • 12 octobre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 23 novembre : remise des documents préparatoires et préparation du déroulé des webinaires.
  • 30 novembre, 7 décembre et 14 décembre (18h-20h, sauf pour le Webinaire 3 du 14 décembre) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Vous choisirez de vous impliquer plus fortement dans l’un des trois webinaires en remplissant avant le 30 octobre le formulaire adhoc. Ce choix est obligatoire pour les étudiants (enssib, ens), facultatif pour les apprenants.

Chaque groupe doit préparer sur un document partagé (voir ci-dessous « présentation des invités ») l’organisation de son webinaire. Le document préparatoire sera considéré comme définitif le 18 novembre. Il devra comprendre :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications : 1 page environ
  • Une analyse de ses deux dernières publications : 1 page par document (les deux documents seront validés par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l’invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de trois porte-paroles

Les trois « porte-paroles » du groupe interviendront en direct et en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités. Par ailleurs, chacun pourra réagir sur le cahier dédié, via Twitter #ecodoc ou sur le document du Webinaire pour suggérer des questions.

Le Webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (1 h en plusieurs blocs thématiques),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire n°1 du 30 novembre : La sociologie du numérique, invité Dominique Boullier. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire n°2 du 7 décembre : Création de valeur dans l’édition scientifique et facteur d’impact, invité Vincent Larivière. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.
  • Webinaire n°3 du 14 décembre : L’économie des données ouvertes, invité Simon Chignard. Présentation, préparation et organisation du séminaire ici.

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S’il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l’information et économie du partage qu’il réinvente en modifiant radicalement nombre d’activités  [S1]. Sa matière première, le document et l’information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applicatAge et générationsions mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvrent la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de l’informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapport à l’espace, au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

Dans le courant de cette semaine cinq billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l’actualité chaude du web. Vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires sont ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat.

 

Préparation des webinaires

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire et un compte-rendu.

Dates

  • 15 novembre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 13 décembre : remise des documents préparatoires et préparation du déroulé des webinaires.
  • 20 décembre, 10 janvier et 17 janvier (18h-20h) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Vous choisirez de vous impliquer plus fortement dans l’un des trois webinaires en remplissant avant le 29 novembre le formulaire ad hoc.

Chaque groupe doit préparer sur un document partagé (voir ci-dessous « présentation des invités ») l’organisation de son webinaire. Le document préparatoire sera considéré comme définitif le 13 décembre. Il devra comprendre :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications : 1 page environ
  • Une analyse de ses deux dernières publications : 1 page par document (les deux documents seront validés par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l’invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de trois porte-paroles

Les trois « porte-paroles » du groupe interviendront en direct et en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités. Par ailleurs, chacun pourra réagir sur le cahier dédié, via Twitter #ecodoc ou sur le document du Webinaire pour suggérer des questions.

Le webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (1 h en plusieurs blocs thématiques),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire n°1 du 20 décembre : Culture participative, invitée : Mizuko Ito. Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.
  • Webinaire n°2 du 10 janvier : La confiance numérique à l’ère de plateformes, invités : Conseil National du Numérique. Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.
  • Webinaire n°3 du 17 janvier : Le design éthique et ses enjeux économiques, invités : Karl Pineau et Jérémie Poiroux. Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S’il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l’information et économie du partage qu’il réinvente en modifiant radicalement le nombre d’activités  [S1]. Sa matière première, le document et l’information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applications mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvrent la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de l’informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapports à l’espace et au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

A compter du 12 novembre, les billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l’actualité chaude du web. Vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires sont ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat.

Préparation des webinaires

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire et un compte-rendu.

Dates

  • 5 novembre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 26 novembre : remise des documents préparatoires et préparation du déroulé des webinaires.
  • 3 décembre, 10 décembre (17h30-19h heure de Genève, 11h30-13h, heure de Montréal) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Les étudiants de chaque école seront en charge de la préparation et de l’organisation d’un des webinaires, avec l’intervenant québécois au Québec et l’intervenant genevois à Genève.

Chaque groupe doit préparer sur un document partagé (voir ci-dessous “présentation des invités”) l’organisation de son webinaire. Le document préparatoire sera considéré comme définitif le 26 novembre. Il devra comprendre :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications : 1 page environ
  • Une analyse de ses deux dernières publications ou productions : 1 page par document (les deux documents seront validés par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l’invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de trois porte-paroles

Les trois « porte-paroles » du groupe interviendront en direct et en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités. Par ailleurs, chacun pourra réagir sur le cahier dédié, via Twitter #ecodoc ou sur le document du Webinaire pour suggérer des questions.

Le webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (45 min environ),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire n°1 du 3 décembre : Médias suisses à l’ère du numérique, Philippe Amez-Droz (sous réserve). Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.
  • Webinaire n°2 du 10 décembre : Les données et contenus culturels québécois, invité : Clément Laberge (sous réserve). Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S’il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l’information et économie du partage qu’il réinvente en modifiant radicalement le nombre d’activités  [S1]. Sa matière première, le document et l’information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applications mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvrent la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de l’informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapports à l’espace et au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

A compter du 10 novembre, les billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l’actualité chaude du web. Vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires sont ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat.

Préparation des webinaires

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire.

Dates

  • 3 novembre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 27 novembre : préparation du déroulé des webinaires.
  • 1er décembre, 8 décembre (17h30-19h heure de Genève, 11h30-13h, heure de Montréal) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Les webinaires auront lieu entièrement en ligne, sur Teams. Les étudiants devront s’organiser en deux groupes, chacun en charge de la préparation d’un des webinaires, avec l’intervenant genevois ou l’intervenant québécois. Chaque groupe doit préparer sur le cahier l’organisation de son webinaire d’ici le 27 novembre. Vous devrez inclure :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications
  • Une brève analyse de deux publications, productions ou actions récentes (à faire valider par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l’invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de porte-paroles

Les « porte-paroles » du groupe interviendront en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités, afin de simplifier les interactions. Pendant ce temps, chacun pourra réagir sur le cahier pour suggérer des questions, ou commenter le webinaire via Twitter #ecodoc.

Le webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (45 min environ),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire du 1er décembre : Protection des données personnelles et crise sanitaire, invité: Paul-Olivier Dehaye. Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.
  • Webinaire du 8 décembre : Prescription algorithmique et nouvelle économie du Web, invité: Jonathan Roberge. Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S’il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l’information et économie du partage qu’il réinvente en modifiant radicalement le nombre d’activités  [S1]. Sa matière première, le document et l’information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applications mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvrent la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de l’informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapports à l’espace et au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

A compter du 16 novembre, les billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l’actualité chaude du web. Vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires sont ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat.

Préparation des webinaires

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire.

Dates

  • 2 novembre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 30 novembre : préparation du déroulé des webinaires, vérification des dispositifs techniques avec une personne de chaque groupe.
  • 7 décembre, 14 décembre (17h30-19h heure de Genève, 11h30-13h, heure de Montréal) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Les webinaires auront lieu entièrement en ligne, sur Teams. Les étudiants devront s’organiser en deux groupes, chacun en charge de la préparation d’un des webinaires, avec l’intervenant genevois ou l’intervenant québécois. Chaque groupe doit préparer sur le cahier l’organisation de son webinaire d’ici le 30 novembre. Vous devrez inclure :

  • Une présentation de l’auteur, son parcours, ses publications
  • Une brève analyse de deux publications, productions ou actions récentes (à faire valider par l’enseignant au préalable)
  • Une liste de questions précises et circonstanciées à poser à l’invité, une dizaine de questions qui permettent au groupe de mieux comprendre certains aspects des publications et d’avoir le regard de l’invité sur des éléments d’actualité (mouvements d’acteurs, publication de rapport ou évolution juridique)
  • La désignation de porte-paroles

Les « porte-paroles » du groupe interviendront en visio avec l’invité. Ils seront connectés sur l’outil utilisé et eux seuls pourront converser directement avec les invités, afin de simplifier les interactions. Pendant ce temps, chacun pourra réagir sur le cahier pour suggérer des questions, ou commenter le webinaire via Twitter #ecodoc.

Le webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (45 min environ),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire du 7 décembre : Découvrabilité et enjeux culturels, invitée : Michèle Rioux.
    Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.
  • Webinaire du 14 décembre : Analyse de données et protection de la vie privée, invité : Hestia Labs (sous réserve).
    Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.

[S6] Les terrains

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Objectifs

  1. Tirer les leçons de la première partie du cours
  2. Lancer la discussion sur l’actualité du web
  3. Présenter les thèmes et les invités des webinaires

Retour sur les cinq premières séquences

S’il fallait résumer le contenu de la première partie du cours en un paragraphe, on pourrait écrire :

L’économie du web se place au croisement de trois courants : économie de laMary-Meeker-5 culture, économie de l’information et économie du partage qu’il réinvente en modifiant radicalement le nombre d’activités  [S1]. Sa matière première, le document et l’information, a des particularités fortes qui la différencie de Baguette et journalcelles d’autres secteurs de l’économie sur sept caractéristiques : destruction, singularité, interprétation, plasticité, promesse, attention, résonance qui se déploient sur ses trois dimensions (vu, lu, su). Mais on lui trouve aussi des traits communs avec des industries lourdes, comme la consommation d’énergie [S2]. Ces particularités, déclinées sous différents vecteurs et outils apparus au cours des siècles Les 4 filières(inscription, transmission, attention, modélisation), ont induit une histoire socio-technique de médias autonomes qui convergent aujourd’hui sur le web. Celui-ci a trouvé pour se développer un terreau favorable en T_Berners-LeeAmérique du nord fait d’un mélange de cultures libérale et libertaire [S3]. Depuis un siècle, on observe un déplacement des marchés du contenu vers ceux de l’accès et des pratiques de lectures vers l’audiovisuel sur des tendances lourdes et générationnelles. Le web et les applications mobiles, qui ont d’abord touché les générations les plus jeunes, ouvrent la voie à des pratiques multi-tâches.  Le web rebrasse alors maintenant les cartes en Kaiser-Familydécalant l’économie de l’attention des médias vers directement les pratiques des internautes et en s’appuyant sur les deux filières lourdes de l’informatique et des Internet-Trends-2014télécommunications. L’équilibre des marchés est bouleversé à un niveau mondial, s’orientant vers le mobile [S4]. Ainsi le web peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire des médias, qui se sont organisés en modèles en privilégiant l’une ou l’autre des trois dimensions documentaires (vu, lu, su), à la fois comme un modèle nouveau s’insérant entre la télévision et la bibliothèque et commePentagone un levier de transformation des modèles anciens en favorisant leur évolution vers une industrie de la mémoire. En combinant les rapports à l’espace et au temps avec les tarifications, on peut comprendre et articuler la continuité et les ruptures des logiques économiques des modèles de médias selon la maîtrise laissée à l’utilisateur [S5].

Les industries culturelles ébranlées

A compter du 14 novembre, les billets, rédigés par des étudiants, seront mis en ligne sur ce blogue sur des sujets très largement débattus dans l’actualité chaude du web. Vous serez prévenus par Twitter (#ecodoc) de leur publication. Les commentaires sont ouverts sur ce blogue pour laisser la place au débat.

Préparation des webinaires

Objectifs

  1. Appréhender un aspect particulier des terrains concernés par l’économie du Web/du document à travers le point de vue et l’analyse de spécialistes ou de personnes en prise directe avec ce nouvel environnement.
  2. Réaliser un entretien, basé sur un travail préparatoire.

Dates

  • 31 octobre et 7 novembre : annonce des invités et des thématiques, organisation des groupes. C’est dès maintenant !
  • 28 novembre : préparation du déroulé des webinaires, vérification des dispositifs techniques avec une personne de chaque groupe.
  • 5 décembre, 12 décembre (17h30-19h heure de Genève, 11h30-13h, heure de Montréal) : webinaires en direct (mais possibilité de visionnement en différé).

Organisation

Les webinaires auront lieu entièrement en ligne, sur Teams. Les étudiants devront s’organiser en deux groupes, un pour chaque webinaire, avec l’intervenant genevois ou l’intervenant québécois. Chaque étudiant(e) doit participer à l’organisation de son webinaire sur le cahier  d’ici le 1er décembre. Il est attendu que :

  • Vous vous soyez renseignés sur les intervenants, leur fonction, leurs publications ou leur parcours
  • Vous ayez exploré leurs productions ou interventions précédentes pour mieux comprendre leurs centres d’intérêts
  • Vous ayez quelques questions prêtes, partagées sur le cahier pour éviter les redites, à poser aux intervenant(e)s à l’issue de leurs présentations

Les échanges avec les intervenant(e)s auront lieu en ligne. Vous pouvez organiser les prises de parole au préalable via le cahier si vous le souhaitez. Vous pouvez aussi échanger pendant le webinaire via le cahier pour suggérer des questions si vous ne souhaitez pas prendre la parole.

Le webinaire est organisé de la façon suivante :

  •  une partie de présentation par l’invité (45 min environ),
  • une partie interview (45 min de questions par les étudiants via le dispositif de visio utilisé). Au cours de cette partie les étudiants du groupe en charge filtrent et relaient les questions posées via le web.

Présentation des invités

  • Webinaire du 5 décembre : Les non-publics du livre numérique, invitée : Marie-Claude Lapointe.
    Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.
  • Webinaire du 12 décembre : Diffusion numérique des publications de savoir et science ouverte, invité : Thomas Parisot
    Présentation, préparation et organisation du séminaire via le cahier partagé.
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